Bilan du mois de juillet 2019


Nombre de kilomètres : 179,2

Nombre de jours : 13

Nombre de courses : 2

Nombre de podiums : 0

Trail des Passerelles du Monteynard (38)

Dimanche 14 juillet 2019


C'est une première pour moi avec un trail dans les Alpes, celui des Passerelles du Monteynard. Ce n'est pas pour ça que je vais quitter le bitume des courses hors stade, mais une parenthèse (qui peut en appeler d'autres) en Isère va nous permettre de découvrir des paysages merveilleux. Lorsque Julie m'a parlé de cette course je n'ai pas vraiment hésité (pour ne pas dire du tout), mais je suis tout de même allé jeter un coup d'oeil sur le teaser de la course qui m'a donné ... des suées avec les mains moites. Étant sujet à un vertige assez prononcé, le passage des coureurs sur les différentes passerelles himalayennes m'a occasionné quelque peu des sueurs froides. Pour ceux qui ne savent pas ce qu'est une passerelle himalayenne, allez voir sur Google Image. Ça donne des vues formidables avec le lac loin loiiinnn dessous !


De nombreuses courses sont au programme du Trail des Passerelles du Monteynard. Elles se courent du 6 au 14 juillet :
Samedi 6 juillet 2019
* 16h00 : KV et 1/2 KV du Sénépy 
---3,5 km et 1000m D+/1,2 km et 500m D+---
---limité à 150 coureurs---
Dimanche 7 juillet 2019
* 8h30 : Le Petit Train (seul ou relais à 2)
---28 km et 1500m D+---
---limité à 500 coureurs en solo et 50 en relais---
* 10h30 : La Solidaire
---4 km---
---limité à 600 coureurs---
Mercredi 10 juillet 2019
* 19h30 : Le 3ème Poste (seul ou relais à 2)
---17 km et 700m D+---
---limité à 500 coureurs en solo et 50 en relais---
Vendredi 12 juillet 2019
* 18h00 : Minitrail enfants (nés entre 2004 et 2007)
---1500m---
* 18h20 : Minitrail enfants (nés entre 2008 et 2011)
---1000m---
*18h30 : Minitrail enfants (nés en 2012 et 2013)
---500m---
Samedi 13 juillet 2019
* à partir de 9h30 : Rando des Passerelles
---13 km et 500m D+---
* 9h45 et 10h00 : Trail de l'Ebron
---16 km et 650m D+---
---limité à 1000 coureurs (départ en 2 vagues)---
* 15h30 et 15h45 : Trail de Côte Rouge
---25 km et 1300m D+---
---limité à 1200 coureurs (départ en 2 vagues)---
Dimanche 14 juillet 2019
* 5h30 : La Grande Course (solo ou relais à 3)
---65 km et 3300m D+---
---limité à 800 coureurs en solo et 100 en relais---
* 8h00 et 8h15 : Maratrail des Passerelles
---40 km et 2100m D+---
---limité à 1300 coureurs (départ en 2 vagues)---
Un programme bien chargé agrémenté de nombreux conforts comme des stands de récupération, des ravitaillements avec des produits du terroir ou encore la présence de marchés locaux.


Nous avons opté il y a quelques mois pour le Maratrail qui a donc lieu ce dimanche 14 juillet avec deux vagues de départ. Une première à 8h00 et une seconde à 8h15. Les dossards jusqu'au numéro 1600 partiront dans la première et les suivants à 8h15. Julie va porter le dossard 1591 et moi le 1662 ce qui veut dire que normalement elle est censée partir un quart d'heure avant moi alors que nous avions décidé de faire la course entièrement ensemble. On va essayer de prendre la même vague mais si ce n'est pas possible, les 15 minutes de retard devraient être surmontables. Cette épreuve affiche complet depuis le 16 mai.


L'organisation incite les coureurs à respecter l'environnement avant même le départ de la course en préconisant le covoiturage mais aussi en sensibilisant au tri sélectif et à la réduction des déchets. Des containers de tri seront mis en place. A l'arrivée, des gobelets mis à disposition des coureurs seront consignés alors que durant les épreuves, des gobelets en carton seront distribués. Le départ et l'arrivée du Maratrail des Passerelles s'effectuent au bord du lac au niveau de la base nautique de Treffort. Quatre passages de passerelles himalayennes sont prévus (2 différentes à parcourir dans les deux sens) ainsi que la très longue et raide ascension du Sénépy. Le Trail des Passerelles (le 40 km) offre deux points ITRA et est qualificatif pour les courses de l'UTMB (peut-être un jour ... ou jamais, sait-on jamais !). 


Mais avant tout, il faut se rendre au retrait des dossards qui s'effectue sur plusieurs jours à la base nautique de Treffort :
- vendredi 12 de 15h00 à 20h00
- samedi 13 de 10h00 à 19h00
- dimanche 14 de 6h00 à 7h45.
En ce qui concerne le matériel obligatoire, nous devons nous équiper d'une réserve d'eau de 1,5l, d'une réserve alimentaire, d'une couverture de survie, d'un sifflet, d'un coupe vent et d'un téléphone portable. De plus, les bâtons télescopiques sont tolérés mais devront être repliés lors du départ. Quatre ravitaillements sont prévus sur notre course :
- km 11,5 : Mayres Savel Village
- km 17,5 : Alpage Sénépy
- km 24,5 : Mayres Savel Village
- km 31,5 : Passerelle de l'Ebron
Le cinquième ravitaillement est celui de l'arrivée à la base nautique de Treffort. Deux barrières horaires seront à respecter pour ne pas se voir mis hors course. La première est à 15h45 au km 24,5 et la seconde à 17h30 au km 31,5. Ça devrait le faire assez facilement... normalement.


Samedi
Nous avons élu domicile au BnB Alpexpo de Grenoble pour les jours à venir, ce qui nous fait en gros une demi-heure de route jusqu'à Treffort et le Lac du Monteynard, lieu de l'organisation du Trail des Passerelles. C'est ce samedi matin que nous prenons la direction du lac pour aller retirer nos dossards. En arrivant à proximité du village de Treffort, la route de montagne est complètement bouchée. Après de longues minutes d'attente (et seulement 2 ou 3 mètres de parcourus), Julie propose qu'on se stationne dans les ruelles de Treffort avant de terminer les deux derniers kilomètres de la descente vers le lac à pied. Nous trouvons le parking de la mairie qui est quasiment vide à notre arrivée. En attendant des amis (Amélie de notre club du PAAC et son copain François), cet espace de stationnement se remplit à grande vitesse, mais une dernière place leur est disponible.





Nous descendons ensuite tous les quatre à la base nautique de Treffort en prenant à pied la route qu'on aurait dû emprunter en voiture. La circulation est toujours à l'arrêt. Nous nous rendons compte que c'est dû au passage d'une des courses qui traverse la route. Le village de la course est donc implanté sur les bords du lac qui est d'un bleu turquoise. De nombreux stands sont dressés avec les consignes, l'espace de massage, les exposants et surtout le retrait des dossards. Nous allons retirer les nôtres. Julie a le 1591 et moi le 1662. On nous offre une visière aux couleurs de l'événement.




Un grand mur est installé avec le nom des participants de toutes les courses de la semaine. Ça va, ils sont classés par ordre alphabétique alors il est facile de les trouver. Nous y retrouvons Brigitte, la 4ème membre de notre club du Pontault AAC avec Amélie, Julie et moi, François étant non licencié. Nous sommes tous les cinq sur l'épreuve du 40 kilomètres. Amélie et François prendront le départ à 8h00, tandis que Brigitte, Julie et moi prendrons celui de 8h15. Ma chérie était censée partir 15 minutes avant moi suite à l'attribution des dossards, mais elle glissera dans la seconde vague pour qu'on fasse la course ensemble sans que j'ai besoin de la rattraper.






Au lieu de remonter à la voiture, nous allons ensuite défier ma peur. Ma grande peur : le vide ou le vertige ! Nous allons marcher une bonne dizaine de kilomètres aller-retour afin de nous trouver face à la Passerelle de l'Ebron, longue de 180 mètres et haute de 50 mètres au-dessus du lac. Une passerelle himalayenne, donc suspendue, qui bouge au gré du mouvement des gens et du vent. Je suis limite tétanisé en la traversant mais je parviens à me retrouver de l'autre côté. Le pire est qu'il faut revenir sur nos pas ! Je suis bien content que ça soit fini … pour aujourd'hui car demain il faudra franchir cette même passerelle à deux reprises (1er et 4ème passages de passerelles), ainsi que celle du Drac plus longue de 40 mètres, également à deux reprises (2ème et 3ème passages de passerelles). Nous reprenons la voiture pour repartir vers notre hôtel sans oublier de faire quelques courses afin de manger dans notre chambre, histoire de ne pas rentrer trop tard et de profiter tranquillement de la soirée.







Dimanche
Pas facile quand le téléphone sonne à 5h30 mais comme la veille au soir j'avais préparé toutes mes affaires de course et même épinglé mon dossard sur le maillot de trail, je traîne un quart d'heure de plus au lit avant de me lever. Julie prend un petit déjeuner rapide puis nous prenons la même route qu'hier où nous ne rencontrons aucun bouchon ni ralentissement. Il faut aller au delà de la base nautique de Treffort car un grand parking obligatoire est installé sur un champ. Les bénévoles sont bien rodés pour que ce champ soit parfaitement optimisé.




Un petit tour aux WC qui se trouvent à quelques mètres de la voiture puis nous partons marcher et même trottiner sur le kilomètre nous séparant du village de la course où nous y retrouvons Amélie et François. Pour le moment Julie a enfilé son coupe vent car la température ne dépasse pas les 15 degrés. C'est déjà l'heure pour les coureurs qui partent à 8 heures de se placer derrière l'arche et quelques minutes plus tard 700-800 coureurs s'élancent.




Nous nous rapprochons à notre tour de la première arche qui est en fait la zone d'attente à l'accès au sas et c'est vers 8h10 qu'on nous demande de nous placer derrière la ligne de départ. Nous nous plaçons bien pour ne pas être gênés au moins sur la première passerelle qui sera franchie après un peu plus de 4 kilomètres de course. Petit check-up de mon matériel : deux flasques avant et poche à eau dans le dos remplies, coupe-vent, sifflet, couverture de survie et gels dans le sac de trail. Sans oublier mon téléphone que je ne vais pas quitter pour pouvoir immortaliser notre course.





Ça y est nous sommes à notre tour sous les ordres du starter au son de la musique de Fort Boyart et du fameux Jump de Van Halen. Le soleil fait son apparition alors que pour le premier départ il était très timide. C'est parti !!! Nous débutons par une partie herbeuse relativement étroite où il faut déjà se montrer concentré pour ne pas se faire piéger par des trous dès le début ! Petite grimpette afin d'accéder à la route style montagne.


En effet, dès que nous y sommes, il y a un grand lacet sur la droite qui nous fait prendre directement de l'altitude. Ça grimpe bien mais je suis vraiment dans mon élément dès qu'il y a du bitume. Virage très serré sur la gauche où nous sommes sur un chemin très poussiéreux. C'est plus facile maintenant car au pire c'est du faux plat. Le long serpent de coureurs laisse échapper une grande traînée de poussière. Peu après le km 1, nous arrivons face au champ où notre véhicule est stationné. Nous prenons la route par la gauche avec une jolie descente qui nous fait passer devant un camping où nous avons mangé un morceau la veille au midi.


Un peu de plat avant d'enchaîner par une longue montée toujours sur route et avec des virages. Après 200 mètres de montée, je lâche Julie afin de l'attendre en haut pour que je puisse la prendre en photo. Je suis vraiment facile, ça me plaît bien. Une fois en haut, il faut tourner à gauche et retrouver un chemin de terre et de cailloux. C'est à cet endroit que je fais ma halte pour attendre ma chérie qui finit par arriver. Elle est bien même si elle a l'impression que ses jambes n'avancent pas.



Nous sommes dans une longue partie voyant se succéder des petites montées et descentes. Dans une des montées, Julie me signale qu'elle continue en marchant. Je réduis au maximum ma vitesse afin de rester à sa hauteur sans marcher. Nous perdons de très nombreuses places mais ce n'est rien. Dès que c'est relativement plat, Julie reprend la course. Une sorte de faux plat en sous-bois nous fait passer au km 4, puis une descente assez technique avec de gros cailloux, style galets, se présente à nous.


Il ne faut pas trop s'emballer avec la vitesse pour ne pas rater le virage à gauche et surtout ne pas continuer tout droit … dans le ravin. Nous finissons par arriver à l'entrée de la première passerelle, la Passerelle de l'Ebron. Je suis assez concentré pour essayer de la franchir sans embûche. Le stress est bien présent mais on y va. Le règlement interdit à quiconque de courir sur ces passerelles himalayennes. Je passe devant Julie comme ça si je reste bloqué, elle pourra intervenir. J'ai le malheur de regarder mes pieds et donc les trous dans le plancher avec ce vide de 50 mètres directement dans le lac bleu turquoise. Victoire, je suis de l'autre côté !


Nous poursuivons sur un chemin étroit qui monte bien. Il faut faire ce début d'ascension en marchant vite. Puis le profil devient plus favorable pour recourir. Nous sommes sur un chemin en terre et en sous-bois. C'est très agréable. Je profite de quelques moments où j'attends Julie pour prendre des photos de ce magnifique paysage. Il y a peu de temps que nous avons franchi la Passerelle de l'Ebron, mais d'où nous sommes elle paraît déjà bien petite et basse par rapport à notre point de vue.


Ça remonte sacrément bien. Le chemin toujours aussi étroit ne cesse de serpenter entre les arbres. Je grimpe tranquillement et je finis par arriver sur la route de la Condamine où j'attends ma chérie. Nous reprenons notre parcours sur cette large et belle route bitumée mais n'y restons pas très longtemps car nous replongeons très rapidement sur un chemin en descente sur notre droite où il faut à nouveau rester concentré. Les ornières et les racines sont assez nombreuses. Au km 7,5, nous atterrissons à nouveau sur du bitume en tournant à droite chemin de la Sorbière qui est en montée. Je la fais en courant pendant que Julie fait la seconde partie en marchant dynamiquement. Une fois en haut, je la laisse poursuivre à gauche dans une grande descente sur chemin de terre pendant que je fais une petite pause pipi. Je la rattrape tout en bas, où plutôt c'est elle qui m'attend avant que le chemin ne soit plus facile et roulant en restant toujours sur un chemin mais maintenant beaucoup plus étroit. Nous poursuivons donc notre course ensemble en sous-bois. C'est maintenant une succession de petites montées légères et de descentes du même genre. Après une courbe sur la droite, nous sommes au pied d'une bonne grimpette relativement longue. Je la monte à mon rythme, histoire d'avoir de l'avance en haut pour immortaliser ma chérie en plein effort.







Une fois à nouveau réunis … je flippe ! Nous sommes juste devant la Passerelle du Drac longue de 220 mètres et aussi haute que la précédente. Un panneau interdisant de se jeter de cette passerelle y est présent. Comme si j'allais m'amuser à sauter alors que j'ai la trouille ! Bon bah faut y aller. Comme sur celle de l'Ebron, il est interdit de courir sur ce passage. Mais le vent et le mouvement des traileurs la font sacrément bouger. Je ne suis pas serein mais j'arrive quand même de l'autre côté. Ouf !





C'est maintenant parti pour 7 kilomètres de véritable ascension avec une petite coupure dans le village de Mayres-Savel. Mais avant d'y arriver, une terrible montée sur du bitume va nous conduire jusqu'à la route du lac. Lors de la première partie raide je peux courir avant d'attendre Julie sur le court replat. C'est compliqué pour les petites jambes de ma chérie.



Nous débutons la seconde partie raide de la montée ensemble mais impossible de courir. Une fois sur la route du lac, nous tournons à droite où on court à nouveau car c'est beaucoup moins pentu. Lorsque nous entrons dans Mayres-Savel, nous faisons une rapide halte pour que Julie puisse mouiller son bandeau dans une fontaine car il fait maintenant bien chaud.


Nous reprenons aussitôt et lorsqu'on traverse le village, ça monte sec. Je grimpe à mon rythme car je sais que le premier ravitaillement arrive et je vais y attendre ma chérie. Je double un paquet de coureurs puis je passe sous l'arche signifiant l'entrée dans la zone de ravitaillement de Mayres-Savel avec un tapis de chronométrage enregistrant un temps intermédiaire. Je passe au km 11,6 en 1h26'41''. J'attends Julie qui arrive en 1h27'24''. Nous prenons tout notre temps pour nous restaurer. Je me fais des minis sandwiches au jambon et au fromage, sans oublier de bien boire (cola) et de faire le plein de mes deux flasques ventrales. Je n'ai pas touché à la poche à eau dans le dos contrairement à Julie. Une fois prêts, je laisse partir volontairement Julie quelques minutes avant moi à l'assaut du Sénépy (ou Sénépi, les deux orthographes sont bonnes) qui est une longue ascension raide de 5 kilomètres.


Après ma pause pipi et un dernier mini sandwich, je m'élance à mon tour dans cette ascension. Les premiers mètres sont assez raides mais sur du bitume. Par contre en sortant de Mayres-Savel, nous bifurquons sur la gauche pour emprunter un étroit chemin de terre bien raide et bien défoncé en sous-bois. La plupart des coureurs (qui sont devenus marcheurs tellement ça grimpe) sont équipés de bâtons de trail pour les aider. Mais ça ne m'empêche pas de doubler des dizaines et des dizaines de ces coureurs. A chaque lacet, je lève la tête pour tenter d'apercevoir ma chérie mais pour le moment elle ne m'apparaît pas. Ma remontée de places ne cesse pas une seconde. C'est même grisant car j'ai l'impression de voler par rapport aux coureurs qui m'entourent et semblent sacrément peiner. Après un énième virage sur ce chemin de terre toujours en sous-bois, je finis par revenir à la hauteur de Julie qui avance bien. Nous sommes au km 13.


Nous poursuivons notre avancée ensemble en marchant d'un bon rythme. Le chemin qui n'était pas plus large qu'une voiture est maintenant en single et encore plus raide. Je suis juste derrière un coureur en orange avec le dossard 1698 ''Matmat''. Par moment, nous nous arrêtons car ça bouchonne devant moi puis on finit par doubler. En me retournant, je vois que Julie perd un peu de distance sur nous. Mais elle grimpe raisonnablement sans se mettre dans le rouge car la course va encore durer quelques heures. Je décide de poursuivre derrière ''Matmat'' et j'attendrai Julie une fois au sommet du Sénépy. Il reste trois kilomètres pour l'atteindre. A deux nous doublons énormément de traileurs. Personne n'est en mesure de nous suivre. Nous sortons du sous-bois avec un léger replat permettant de souffler un peu mais nous ne sommes pas encore au sommet car il reste deux bons kilomètres. Le paysage a changé car nous approchons du sommet et nous ne sommes plus en sous-bois maintenant.  Ça remonte mais moins sévère. Le chemin est également plus large ce qui nous laisse plus de facilité pour doubler les traileurs avec leurs bâtons même si certains prennent beaucoup de place en écartant un max leurs bras. Je fais le dernier kilomètre avec ''Matmat'' en discutant. Je lui explique que je vais devoir lever le pied avant de stopper complètement afin d'attendre ma chérie. Je le laisse alors partir sans moi. Le sommet nous offre une vue formidable sur la vallée et la chaîne de montagnes encore plus loin. C'est magnifique.



Je m'arrête quelques instants pour prendre des photos et pour mouiller mon éponge dans un abreuvoir de montagne. Puis je me remets à courir sur les 100 premiers mètres du début de la descente. Je m'arrête complètement juste à la jonction avec un chemin étroit dans les hautes herbes qui continue à descendre. A cette jonction se trouvent deux jeunes femmes qui encouragent tous les coureurs au son d'une grosse cloche de vache. Un bénévole pilote un drone qui surplombe le passage des traileurs. Les coureurs du 65 km rejoignent également à cet endroit ceux du 40 km. Leurs dossards sont jaunes et les nôtres plutôt rouge. Je vois de nombreux participants que j'encourage, passer à côté de moi. Neuf minutes après mon arrêt, j'aperçois Julie qui se rapproche de moi. C'est à ce moment là que malgré la chaleur, je me suis rendu compte que je commençais à attraper un peu froid avec la sueur, l'altitude et le petit vent.







Je prends quelques photos de ma chérie et nous enquillons immédiatement avec la descente assez raide dans l'étroit chemin en herbes hautes. On discute et je me rends compte que malgré la fatigue elle est bien. Je suis content car elle assure vraiment. 600 mètres plus loin, nous sommes déjà redescendus à 1300 mètres d'altitude et nous faisons une pause à l'Alpage du Sénépi où le second ravitaillement est implanté en plein au milieu de rien sauf de la montagne. Petite pause pipi et bonne restauration avec du pain, du fromage, de la viande, des fruits secs, et de quoi s'hydrater.







Deux bonnes minutes plus tard et après tout juste 3 heures de course, nous nous élançons tous les deux dans la longue descente. On va la faire ensemble même si par moment je la lâche de quelques dizaines de mètres car les trois premiers kilomètres sont très raides et il faut se concentrer sur nos foulées respectives. Malgré le fait que nous soyons isolés, quelques courageux sont montés pour nous encourager. Un grand merci à eux ainsi qu'aux nombreux bénévoles disséminés sur tout le parcours. Lorsque j'ai trop d'avance sur Julie, je m'arrête pour lui permettre de revenir à ma hauteur.


La suite de la descente est moins raide et est entrecoupée de petites remontées. Ça casse un peu les pattes car la descente martyrise déjà les cuisses, mais avec les montées ça fatigue encore plus. Mais pour le moment je me sens toujours très bien et frais. Nous retrouvons une partie de la montée du Sénépi de tout à l'heure que nous prenons en descendant maintenant. Puis plus loin, nous sommes sur la route bitumée qui nous fait à nouveau entrer dans Mayres-Savel où ça descend bien. Dire que tout à l'heure nous avions monté tout ça ! 45 minutes après avoir quitté le ravitaillement de l'Alpage du Sénépi, nous arrivons pour la seconde fois à celui de Mayres-Savel où nous nous arrêtons environ quatre minutes, histoire de nous restaurer (petits sandwiches fromage ou jambon, fruits secs), de bien nous hydrater et également de faire le plein de nos flasques. Lorsque nous quittons ce ravitaillement, nous passons pour la seconde fois sur le tapis de chronométrage et le temps intermédiaire annonce pour tous les deux 3h48'16''. Et c'est pas fini …





Nous retraversons le village de Mayres-Savel en passant devant la petite fontaine où Julie avait arrosé son bandeau à l'aller. C'est beaucoup plus simple la traversée dans ce sens là. Surtout lorsque nous arrivons à la sortie du village car maintenant nous quittons la route pour tourner à gauche et entamer la longue descente raide qui est d'abord bitumée avant de devenir un chemin de terre et qui nous conduit jusqu'à la Passerelle du Drac. Nous y arrivons et je prends ma respiration comme il se le doit pour effectuer ma troisième traversée de la journée et la deuxième de cette même passerelle mais dans le sens inverse. Ça bouge bien ! Mais je commence à être moins tendu. Ce n'est pas pour ça que je suis plus à l'aise !





De l'autre côté, nous entamons la descente en sous-bois sur un chemin de terre large mais totalement accidenté. Ça se passe bien pour nous. Sur la fin de la descente nous revenons sur d'autres coureurs puis le profil change car il est plus en ''montagnes russes'' et serpentant, ce qui me plaît beaucoup. Après un virage à gauche, le chemin s'élargit encore plus mais devient très raide. Je n'attends pas Julie, je le ferai une fois au sommet qui est assez loin car ça monte pendant longtemps. Je double quelques traileurs mais également des randonneurs. J'arrive en haut sur le bitume du chemin de la Sorbière. J'en profite pour admirer le très beau paysage. J'aperçois Julie au fond qui monte à son rythme.


Pour ne pas me refroidir, je décide d'effectuer la descente du chemin de la Sorbière en marchant dynamiquement jusqu'à ce qu'elle me rejoigne. Je perds évidemment et indéniablement des places mais peu importe, c'est notre premier vrai trail de montagne et le but est de le terminer en un seul morceau de préférence. Finalement je ne vais pas recourir sur ce chemin bitumé car ma chérie me reprend dès que j'arrive en bas et surtout au pied d'une nouvelle forte grimpette dans les bois sur notre gauche.



Au début, pas de problème pour courir même si ce n'est pas vraiment rapide, par contre je dois assez vite me résoudre à passer en mode ''marche'' pour la suite de l'ascension. Même si je reste bien frais et en forme, ce n'est pas de tout repos. J'arrive à doubler quelques coureurs. Dès que je suis en haut, j'attends quelques secondes Julie qui en termine à son tour. Nous sommes sur la route de la Condamine en tournant sur notre gauche. Il s'agit d'une belle chaussée montant légèrement, ce qui ne m'empêche pas de recourir. Julie fait la rencontre d'un gentil chien. Malheureusement nous n'y restons pas longtemps (ni plus ni moins que lors de l'aller) puisque nous plongeons sur notre droite en sous-bois sur un chemin étroit et bien descendant. Après un premier virage serré sur la droite puis quelques zigzags entre les arbres, je loupe complètement le virage suivant. En effet, en passant au-dessus d'une racine très apparente en plein milieu du chemin, je pensais l'avoir bien sautée mais j'ai légèrement touché le haut ce qui m'a totalement fait perdre l'équilibre en piquant directement vers le précipice sous le regard inquiet du coureur qui se trouvait à mes côtés. J'ai réussi à éviter in-extremis une chute de plusieurs mètres dans le vide en m'écrasant comme une me*** sur un arbre, m'occasionnant de légers bobos au genou, à l'épaule et également un petit craquement de la cheville. Rien de bien grave quoi ! Je reprends immédiatement mon parcours avant de m'arrêter totalement pour attendre Julie qui était non loin derrière. Elle n'avait rien vu mais avait entendu mon compagnon temporaire de route s'inquiéter en me voyant foncer vers le précipice et me voyant arrêté elle a tout de suite compris qu'il s'agissait de moi. Je la rassure et nous reprenons notre course aussitôt. Ça ne descend plus autant. D'ailleurs le parcours est très agréable toujours en sous-bois mais sur un ''single'' limite rebondissant. Nous faisons une petite halte sur une sorte de ''balcon'' pour admirer le très beau Lac du Monteynard ainsi que la Passerelle de l'Ebron.



Lorsque nous reprenons notre course, le parcours est toujours identique avec ce sol très moelleux et agréable entouré d'une végétation bien fournie. Nous doublons et croisons des randonneurs qui font tout pour nous faciliter le passage en s'écartant au maximum. Vraiment très bonne mentalité entre traileurs et randonneurs. Nous allons pratiquement tout droit puis on descend un peu plus vite lorsqu'on tourne à droite toujours en sous-bois. Nous voilà au km 31 juste devant la Passerelle de l'Ebron. Je ne réfléchis pas en fonçant pour la traverser tout en doublant des coureurs qui marchaient plus lentement ou alors s'arrêtaient pour prendre des photos. Dès qu'on arrive de l'autre côté, je vois un randonneur disputer sa femme qui s'était mise à courir sur la passerelle, ce qui a bien fait bouger cette dernière.


Nous montons la côte suivante pour arriver à son sommet où se trouve le ravitaillement du km 31,5. Petite restauration rapide sans oublier l'hydratation et un dernier remplissage des flasques. Avant de reprendre notre course, nous tombons sur le copain de Brigitte, la quatrième de notre club du PAAC, qu'il attend pour finir la course avec même s'il n'est que spectateur mais pour le moment pas de trace d'elle.



Après une petite discussion nous repartons. Je pensais (à tort) que les neuf derniers kilomètres étaient certes montants ou descendants mais surtout plus cool que l'ascension du Sénépy. Que nenni ! Dès qu'on quitte le ravitaillement, au lieu de prendre tout droit en direction de la base nautique de Treffort distante d'un peu plus de 4 kilomètres, nous tournons immédiatement à gauche sur un chemin très étroit et très très raide. Je dois m'arrêter quelques secondes à plusieurs reprises pour soulager les muscles et les articulations. Julie me dira plus tard qu'elle avait l'impression de reculer à certains moments tellement c'était compliqué. Cette montée est horriblement longue et complexe. On gagne très rapidement de l'altitude, le lac du Monteynard devenant très vite petit et loin. Par contre ça nous offre un très beau spectacle visuel.




Vu la réelle difficulté de cette partie de parcours, nous ne nous attendons pas histoire de rester chacun dans notre propre rythme. J'attendrai ma chérie une fois en descente. La montée n'est longue que de deux kilomètres mais je mets 26 minutes pour les couvrir. Lorsque je suis en haut, je commence la descente … en marchant pour permettre à Julie de revenir sans difficulté. C'est quelques minutes plus tard qu'elle fera la jonction juste avant un mur de 200-300 mètres qui passe finalement bien car pas très long. Lorsque nous arrivons en haut, nous avons la bonne surprise de tomber sur un nouveau ravitaillement (uniquement en eau) qui n'était pas indiqué sur le détail du parcours. Tant mieux. Petite pause pour nous hydrater et c'est parti pour un long faux plat montant qui passe nickel. Nous voilà maintenant sur une portion beaucoup plus facile lorsqu'on arrive au lieu dit de ''La Roche'' qui marque le début de la descente avec d'abord une petite boucle dans un bois et la descente proprement dite qui est hyper technique pendant très longtemps jusqu'à ce qu'on arrive aux premières habitations à un peu plus d'un kilomètre de l'arrivée.



Mais avant d'y parvenir, il faut sans la moindre relâche rester concentré car la moindre erreur est synonyme de grosse chute. Je double à plusieurs reprises un coureur du club de Hyères qui me facilite à chaque fois le passage mais je le laisse reprendre sa place lorsque j'attends Julie sur le côté de cet étroit chemin. Si je le redouble de temps en temps c'est pour éviter de trop me freiner et donc de me fatiguer car je suis bien plus à l'aise que lui. Nous traversons la route principale automobile qui mène à la base nautique afin d'emprunter un petit chemin de terre en face juste au km 39, donc à un kilomètre de l'arche d'arrivée.


Ce chemin est tranquille sans difficulté, mais lorsque nous tournons à gauche, on repart pour une descente vertigineuse. Ça n'arrête décidément pas ! Je vois Julie un peu en difficulté sur une partie très très descendante alors je m'arrête et laisse passer à nouveau le coureur de Hyères. Je l'encourage tout en attendant ma chérie. Finalement on repart quelques mètres derrière notre compagnon temporaire de course. Une courbe sur la droite puis on arrive enfin tout en bas. C'est bon de trouver enfin du plat ! Nous passons sur l'herbe pour nous rapprocher et longer le lac du Monteynard. Le speaker de la course qu'on entend depuis un peu moment, semble désormais bien proche. Nous avons redoublé et lâché le coureur de Hyères. J'essaye de motiver Julie à fond pour qu'elle finisse très bien et elle le fait ! J'aperçois sur ma droite l'arche d'arrivée mais nous devons prendre une courbe sur notre droite qui nous fait retourner dans le sens inverse avec en point de mire l'arche d'arrivée. Dans ce virage j'entends Amélie et François nous encourager.
















Plus que quelques mètres avant de poser les pieds sur un long tapis bleu qui vaut au moins le tapis rouge du Festival de Cannes. Nous finissons par franchir côte à côte la ligne d'arrivée aux 661ème et 662ème place avec un chrono de 6h30'29''.




Heureux et à peine fatigué. J'aime la course sur route et son bitume par-dessus tout mais j'ai vraiment pris un réel et immense plaisir à partager mon premier trail de montagne avec ma chérie. Je suis même déjà impatient d'en refaire un autre avec elle même plus long et plus haut ! On nous offre une jolie médaille commémorative de la course qui représente une des passerelles. Nous continuons jusqu'à la grande tente réservée aux finishers afin de prendre un petit ravitaillement final. Je bois surtout et je mange quelques carrés de chocolat au lait. Avant de sortir de cette tente de ravitaillement nous comparons la propreté ou plutôt l'extrême saleté de nos jambes qui ont mangé une tonne de poussière. C'est pas très ragoûtant !



Nous retrouvons ensuite Amélie et François. Rien de tel qu'une baignade dans la Lac du Monteynard pour faire une petite récupération et également un brin de toilette !


Au niveau des résultats voilà ce que ça donne sur notre course :
445ème en 5h57'58'' Amélie MEDEIROS (PAAC) –41ème SEF
446ème en 5h57'59'' François MOIGNET (NL) –219ème SEM
661ème en 6h30'29'' Jeff BACQUET (PAAC) –158ème M1
662ème en 6h30'29'' Julie FROUCHT (PAAC) –77ème SEF
953ème en 7h23'30'' Brigitte MAILLARD (PAAC) –46ème M2F
1174 finishers, 40 abandons et 204 non partants




Après il faut retourner au parking où la voiture est stationnée, ce qui fait un kilomètre de marche. Pas facile quand on a une ampoule à vif derrière le talon droit. Mais je sais que ma petite infirmière va bien me soigner. Retour sur Grenoble puis place à la récupération avant de remettre un nouveau dossard ...