Dimanche 1er septembre 2019
Cette année est une année relativement ''trail'' pour moi qui n'en fais que rarement sauf pour couper un peu de la route. Après les trails franciliens de Noisy-sur-Ecole, Saint-Thibault-des-Vignes, Vaux-le-Pénil et Crouy-sur-Ourcq (tous en Seine-et-Marne), je vais courir avec ma chérie notre troisième trail de montagne de suite. En effet, le Trail des Passerelles (38) et celui de Ferrette (68) ont ouvert la porte à celui du Haut-Koenigsbourg. C'est la 9ème édition de cette course organisée par l'Association Sportive Trail du Haut-Koenigsbourg.
Plusieurs courses sont au programme du week-end.
Samedi 31 juillet
- 21h00 : Ultra-Trail du Haut-Koenigsbourg ''1er Ultra Alsacien''
109 km - 4850 D+ - 270 dossards
Dimanche 1er septembre
- 7h00 : Intersport Sélestat Grand Trail du HK ''The Magic Trail''
56 km - 2040D+ - 350 dossards
- 8h00 : Trail du Haut-Koenigsbourg ''Mythique''
25 km - 880 D+ - 904 dossards
- 9h00 : Mini-Trail du Hahnenberg ''Découverte''
13 km - 350 D+ - 599 dossards
Le retrait des dossards s'effectue dans la salle des fêtes de Kintzheim le samedi de 16h à 18h. Si tout va bien, Julie et moi allons courir le 25 km avec respectivement les dossards 2693 et 2692. Je dis ''si tout va bien'' car je n'ai presque pas couru depuis Ferrette, une bonne contracture s'est installée dans le mollet gauche suite à une sciatique. On verra au dernier moment si ça peut se faire ou non.
Sur notre distance, trois ravitaillements sont prévus : deux à la Montagne des Singes (un à l'aller et un au retour) et un au niveau du Château du Haut-Koenigsbourg. Les bâtons sont interdits pour les trails de 13 et 25 kilomètres. Il n'y a pas de matériel obligatoire, hormis un gobelet pliable offert par l'organisation signalant qu'il appartient à chaque coureur de prévoir le minimum. 1 point ITRA et 1 point qualificatif UTMB sont offerts sur ce 25 bornes. Notre course va nous faire découvrir la Montagne des Singes, le Château du Haut-Koenigsbourg, celui de Kintzheim et la Volerie des Aigles. Attention à ne pas trop se laisser distraire par le beau paysage, histoire de ne pas ''sauter'' à la barrière horaire du km 15,5 à 10h30 ! Nous sommes arrivés en Alsace vendredi en fin d'après-midi, plus précisément à Thannenkirch où nous avons posé nos valises dans une maison chez l'habitant où tout le rez-de-chaussée nous est réservé. Nous avons également profité du week-end pour visiter de très jolis villages de la route des vins d'Alsace (Bergheim, Kintzheim, Riquewirh, Ribeauvillé, Kaysersberg), sans oublier un détour par la "Petite Venise alsacienne", à savoir Colmar.
Samedi après-midi nous avons donc été retirer les dossards dans la salle des fêtes de Kintzheim. On nous offre comme prévu un gobelet repliable ainsi qu'un tee-shirt bleu pour moi et rose foncé pour Julie. Malheureusement je n'ai pas pu voir Eric, un ami du club de l'US Toul qui va participer à l'ultra trail de 109 kilomètres. Nous sommes repartis de cette salle avant qu'il n'y arrive.
Dimanche matin, le réveil sonne à 6 heures. J'avais préparé mes affaires de course la veille, donc je n'ai qu'à me réveiller tranquillement. Une moitié de banane me suffira pour le petit déjeuner. Nous prenons ensuite la route direction Kintzheim, distante d'une quinzaine de minutes. Nous trouvons une place de stationnement non loin de la ligne de départ située en bas de la rue du Général de Gaulle.
Une fois prêts, Julie part s'échauffer un peu. Moi qui en fais toujours, je préfère m'abstenir tellement j'ai mal dans la jambe. Julie n'arrête pas de me dire de ne pas prendre le départ car la semaine passée j'avais fait un test et au bout de 600 mètres la douleur était tellement vive que j'avais du me stopper immédiatement. Mais têtu comme je suis, je veux tenter d'aller au-delà de cette douleur de me***.
Il est bientôt 8 heures lorsque le speaker demande à tous les coureurs du 25 kilomètres de se rapprocher de l'arche de départ. Julie et moi nous nous mettons en fin de peloton. Il doit y avoir les 3/4 des coureurs devant nous. Nous sommes désormais sous les ordres du starter. Le compte-à-rebours est lancé puis le coup de pistolet retentit. C'est parti. Nous devons remonter la longue rue du Général de Gaulle, sa première partie est en faux-plat montant léger. Au bout de 300 mètres de course, nous arrivons devant l'église puis nous coupons la rue de la Liberté pour poursuivre tout droit, toujours sur la rue du Général de Gaulle où ça monte un peu plus.
Mais les vives douleurs commencent déjà à se faire ressentir. Je suis juste derrière Julie et j'ai du mal à rester à son contact. Après 800 mètres de course, nous tournons à droite afin de prendre un chemin en béton qui longe les vignes et la pente sur notre gauche, et Kintzheim sur notre droite. Ce chemin est relativement roulant mais chaque petit faux-plat montant ou descendant me fait bien mal. Je suis 4-5 mètres derrière ma chérie et dès qu'elle se retourne pour voir si j'arrive à suivre, elle relance sans s'en rendre compte lorsqu'elle regarde à nouveau devant elle, ce qui me fait encore plus mal car je peine à garder l'écart (encore plus à me rapprocher). Sur notre droite, Kintzheim a laissé place à Châtenois. Après 2,5 kilomètres de course, nous tournons à gauche pour entamer la longue ascension de la Montagne des Singes, dont le sommet se trouve 4,5 kilomètres plus loin. D'entrée ça monte beaucoup plus fort. Pour éviter de me faire rejeter encore plus loin de Julie, je fais l'effort pour revenir juste dans sa foulée. J'y arrive et une centaine de mètres plus loin, elle se met à marcher un peu afin de reprendre son souffle. Je poursuis ma grimpette avant de m'arrêter à mon tour 500 mètres plus loin pour l'attendre. Une minute après mon arrêt je reprends ma course juste devant Julie mais c'est compliqué car ça fait très mal.
Il faut ensuite négocier un double lacet qui grimpe bien et à sa sortie je me rends compte que Julie n'est plus derrière moi. Je m'arrête à nouveau et lorsqu'elle revient sur moi, elle s'arrête également et me dit de poursuivre car elle voit bien que la douleur est encore pire lorsque je m'arrête. Je repars donc au km 3,4. Le chemin est assez large. Le sol est en terre et pas trop piégeux. J'ai nettement haussé ma cadence. Même si j'ai mal, c'est moins vif à ce rythme. Je commence à remonter quelques places, puis lorsque ma vitesse de croisière est atteinte, c'est par paquets de coureurs que je double. Au km 5, gros virage sur la gauche qui nous fait monter encore plus. Je peux apercevoir à travers les hauts arbres, le chemin par lequel je suis arrivé. J'essaye de repérer Julie même si les coureurs sont de plus en plus petits mais elle n'est pas encore à ce niveau. L'écart doit déjà être important. Km 5,7, je dois m'arrêter comme tout le monde d'ailleurs.
Un bouchon digne du périph' parisien s'est formé car le large chemin se transforme en single raide qui va nous mener sur un autre single un peu plus roulant. Une fois sur ce second single je peux recourir à nouveau. Il est impossible de doubler pour le moment. Les positions se figent donc pendant une bonne partie de la suite de cette ascension et ses virages en lacet. C'est un kilomètre après le début de cet étroit chemin que j'arrive à m'extirper des coureurs devant moi. J'arrive au km 7 qui se trouve au sommet de cette première grosse difficulté. Je fais une petite pause histoire d'admirer la vue et de prendre une photo de la plaine alsacienne et de la Forêt Noire allemande en arrière-plan.
Je me lance ensuite dans une portion de descente où il faut être super vigilant à cause des pierres et des souches d'arbres. Je redouble les coureurs qui sont repassés devant moi lors de ma courte halte au sommet. Je suis agréablement surpris en me rendant compte que sur cette descente, la douleur est certes toujours présente mais moins violente, ma posture n'étant pas la même que lors de la montée. Je ne connais pas ma position actuelle mais depuis que j'ai laissé Julie j'ai remonté plus de 300 coureurs (ça fait passer le temps de compter lorsqu'on court !). J'arrive au ravitaillement de Wick qui se trouve à côté du parking de la Montagne des Singes. Je survole ce ravito où il y a pas mal de spectateurs, ce qui n'était pas vraiment le cas dans la montagne. Plus loin, je vais recevoir un SMS de Julie m'indiquant son passage à ce même ravito 17 minutes après le mien. Nous longeons pendant un bon moment la très haute enceinte du parc de la Montagne des Singes. Malgré les douleurs j'arrive à aller au-delà et pour le moment ça tient. C'est vers le km 11,5 que la pente reprend vraiment de l'altitude en débutant la grimpette en direction du Château du Haut-Koenigsbourg. J'ai l'impression que ça me refait plus mal qu'en début de course. Peut-être est-ce le changement de position avec la transition descente-montée. Je sers les dents et ce qui me remonte le moral c'est que personne ne me double, c'est même moi qui continue ma progression en avant (mais j'ai arrêté de compter le nombre de coureurs dépassés). Au km 12, un panneau de l'organisation du HK prévient d'une surprise dans 100 mètres. Et 100 mètres plus loin, en pleine forêt et en pleine montée, nous arrivons au lieu-dit de la Cabane de Pain d’Epices. A cet endroit, deux femmes et un enfant nous tendent des morceaux de pain d'épices. Bien sympa ! J'en prends un mais je me rends compte que sans boire, c'est galère car ça colle vraiment beaucoup dans la bouche.
Au km 13, la douleur est trop intense, je ne peux plus courir et même marcher devient très compliqué. J'essaye à plusieurs reprises de me faire violence en relançant ou en m'étirant mais rien n'y fait. Je n'avance plus. Il me reste plus de 2,5 kilomètres pour arriver au prochain ravitaillement, tout en ascension. Je grimpe comme je peux sur une jambe. Je perds des places à n'en plus finir. C'est maintenant un calvaire. Le véritable ascenseur émotionnel. La galère des 3 premiers kilomètres en me disant que c'est trop douloureux pour faire la course, puis l'espoir de terminer avec un temps plus qu'honorable en me sentant mieux et maintenant ... l'enfer. Je reçois de nombreux encouragements de coureurs qui me doublent et qui s'inquiètent de ma santé, me voyant marcher très difficilement. Bien plus loin, j'arrive enfin au ravitaillement (qui n'est pas encore le sommet car il reste encore 1,4 kilomètres pour dépasser le Château du Haut-Koenigsbourg). Dès que j'arrive à ce ravito, une personne vient aussitôt vers moi me demandant si je suis le copain de Julie. Il s'agit de Frédéric je ne connaissais pas encore et qui me rendra un véritable coup de main plus loin (sans que je le sache encore pour le moment). Il me voit dans le mal et je lui explique mon... léger soucis. Je me sers un gobelet de Coca et d'eau gazeuse avant de me faire pointer puis je prends place sur un banc pour essayer de m'étirer. Mais rien n'y fait. Du coup j'attends l'arrivée de Julie. Un peu moins de vingt minutes plus tard, elle arrive à son tour à ce ravitaillement. Je ne la vois pas arriver mais j'entends Frédéric l'encourager et lui dire que son chéri a besoin d'elle. e discute ensuite avec un signaleur qui me dit qu'il peut faire appel aux secours pour me rapatrier vers Kintzheim mais je préfère tenter le coup même si je sais que c'est un pari fou et pas raisonnable. D'ailleurs pendant la suite de l'ascension vers le château, Julie reste marcher à mes côtés et ne cesse de me répéter d'arrêter, qu'elle peut appeler Frédéric resté au ravito pour encourager un ami afin qu'il me redescende en voiture ensuite. Mais je ne veux pas. Nous finissons par arriver au niveau du château que nous avons visité la veille. Virage serré à gauche puis à droite pour entrer dans l'enceinte même du Château du Haut-Koenigsbourg que nous traversons à des endroits où le public ne peut pas passer en temps normal, notamment sur le chemin de ronde. Sans que je le sache, Julie a envoyé un message à Frédéric pour qu'il me récupère à la sortie du château, tout en haut de la dernière et longue descente de 10 kilomètres qui était censé m'amener sous l'arche d'arrivée.
Une fois le château traversé, je me présente pour entamer la descente mais la douleur est trop vive. Je ne peux plus poser le pied gauche par terre. Julie m'incite voire m'ordonne d'arrêter. Frédéric est là aussi prêt à me redescendre en voiture. Je ne veux pas mais après plus de 6 minutes de discussion, c'est la mort dans l'âme que je finis par abdiquer. Julie reprend sa course et elle me fait promettre de ne pas tenter de repartir dès qu'elle aura le dos tourné. Du coup, je vais aussitôt voir un officiel pour lui notifier mon abandon. Frédéric me ramène à Kintzheim. Je suis dégoûté. Totalement dégoûté !
Julie dévale la pente et remonte de nombreuses places dans cette longue descente qui n'est pas très technique et relativement douce. Elle aura perdu beaucoup de temps en m'accompagnant sur les 1400 derniers mètres de l'ascension et également lors des 6 minutes où elle a essayé de me convaincre d'arrêter. En bas, elle franchira la ligne d'arrivée 680ème en 3h30'06'', juste derrière une goélette portée par l'association Dunes d'Espoir.
Elle y retrouve Dom', une amie alsacienne avec qui on va partager un bon repas à Kintzheim, histoire de se requinquer et de me remonter le moral qui est bien bas. Après m'être restauré, je vais vers la ligne d'arrivée comme je peux afin de retrouver mon pote Eric qui a dû abandonner lui aussi sur le 109 km suite à une chute. Joli pansement l'ami. Ça m'a bien fait plaisir de le revoir. Il encourageait d'autres coureurs de l'US Toul qui ont terminé brillamment leur course.
La date du 6 septembre 2020 est déjà cochée car je ne veux pas rester sur un tel échec. J'ai beaucoup aimé le parcours, les paysages, l'organisation, ... donc l'an prochain nous serons au départ de cette même course en mode ''revanche'' ! En plus ça sera la 10ème édition de ce Trail du Haut-Koenigsbourg.
Samedi après-midi nous avons donc été retirer les dossards dans la salle des fêtes de Kintzheim. On nous offre comme prévu un gobelet repliable ainsi qu'un tee-shirt bleu pour moi et rose foncé pour Julie. Malheureusement je n'ai pas pu voir Eric, un ami du club de l'US Toul qui va participer à l'ultra trail de 109 kilomètres. Nous sommes repartis de cette salle avant qu'il n'y arrive.
Dimanche matin, le réveil sonne à 6 heures. J'avais préparé mes affaires de course la veille, donc je n'ai qu'à me réveiller tranquillement. Une moitié de banane me suffira pour le petit déjeuner. Nous prenons ensuite la route direction Kintzheim, distante d'une quinzaine de minutes. Nous trouvons une place de stationnement non loin de la ligne de départ située en bas de la rue du Général de Gaulle.
Une fois prêts, Julie part s'échauffer un peu. Moi qui en fais toujours, je préfère m'abstenir tellement j'ai mal dans la jambe. Julie n'arrête pas de me dire de ne pas prendre le départ car la semaine passée j'avais fait un test et au bout de 600 mètres la douleur était tellement vive que j'avais du me stopper immédiatement. Mais têtu comme je suis, je veux tenter d'aller au-delà de cette douleur de me***.
Il est bientôt 8 heures lorsque le speaker demande à tous les coureurs du 25 kilomètres de se rapprocher de l'arche de départ. Julie et moi nous nous mettons en fin de peloton. Il doit y avoir les 3/4 des coureurs devant nous. Nous sommes désormais sous les ordres du starter. Le compte-à-rebours est lancé puis le coup de pistolet retentit. C'est parti. Nous devons remonter la longue rue du Général de Gaulle, sa première partie est en faux-plat montant léger. Au bout de 300 mètres de course, nous arrivons devant l'église puis nous coupons la rue de la Liberté pour poursuivre tout droit, toujours sur la rue du Général de Gaulle où ça monte un peu plus.
Mais les vives douleurs commencent déjà à se faire ressentir. Je suis juste derrière Julie et j'ai du mal à rester à son contact. Après 800 mètres de course, nous tournons à droite afin de prendre un chemin en béton qui longe les vignes et la pente sur notre gauche, et Kintzheim sur notre droite. Ce chemin est relativement roulant mais chaque petit faux-plat montant ou descendant me fait bien mal. Je suis 4-5 mètres derrière ma chérie et dès qu'elle se retourne pour voir si j'arrive à suivre, elle relance sans s'en rendre compte lorsqu'elle regarde à nouveau devant elle, ce qui me fait encore plus mal car je peine à garder l'écart (encore plus à me rapprocher). Sur notre droite, Kintzheim a laissé place à Châtenois. Après 2,5 kilomètres de course, nous tournons à gauche pour entamer la longue ascension de la Montagne des Singes, dont le sommet se trouve 4,5 kilomètres plus loin. D'entrée ça monte beaucoup plus fort. Pour éviter de me faire rejeter encore plus loin de Julie, je fais l'effort pour revenir juste dans sa foulée. J'y arrive et une centaine de mètres plus loin, elle se met à marcher un peu afin de reprendre son souffle. Je poursuis ma grimpette avant de m'arrêter à mon tour 500 mètres plus loin pour l'attendre. Une minute après mon arrêt je reprends ma course juste devant Julie mais c'est compliqué car ça fait très mal.
Il faut ensuite négocier un double lacet qui grimpe bien et à sa sortie je me rends compte que Julie n'est plus derrière moi. Je m'arrête à nouveau et lorsqu'elle revient sur moi, elle s'arrête également et me dit de poursuivre car elle voit bien que la douleur est encore pire lorsque je m'arrête. Je repars donc au km 3,4. Le chemin est assez large. Le sol est en terre et pas trop piégeux. J'ai nettement haussé ma cadence. Même si j'ai mal, c'est moins vif à ce rythme. Je commence à remonter quelques places, puis lorsque ma vitesse de croisière est atteinte, c'est par paquets de coureurs que je double. Au km 5, gros virage sur la gauche qui nous fait monter encore plus. Je peux apercevoir à travers les hauts arbres, le chemin par lequel je suis arrivé. J'essaye de repérer Julie même si les coureurs sont de plus en plus petits mais elle n'est pas encore à ce niveau. L'écart doit déjà être important. Km 5,7, je dois m'arrêter comme tout le monde d'ailleurs.
Un bouchon digne du périph' parisien s'est formé car le large chemin se transforme en single raide qui va nous mener sur un autre single un peu plus roulant. Une fois sur ce second single je peux recourir à nouveau. Il est impossible de doubler pour le moment. Les positions se figent donc pendant une bonne partie de la suite de cette ascension et ses virages en lacet. C'est un kilomètre après le début de cet étroit chemin que j'arrive à m'extirper des coureurs devant moi. J'arrive au km 7 qui se trouve au sommet de cette première grosse difficulté. Je fais une petite pause histoire d'admirer la vue et de prendre une photo de la plaine alsacienne et de la Forêt Noire allemande en arrière-plan.
Je me lance ensuite dans une portion de descente où il faut être super vigilant à cause des pierres et des souches d'arbres. Je redouble les coureurs qui sont repassés devant moi lors de ma courte halte au sommet. Je suis agréablement surpris en me rendant compte que sur cette descente, la douleur est certes toujours présente mais moins violente, ma posture n'étant pas la même que lors de la montée. Je ne connais pas ma position actuelle mais depuis que j'ai laissé Julie j'ai remonté plus de 300 coureurs (ça fait passer le temps de compter lorsqu'on court !). J'arrive au ravitaillement de Wick qui se trouve à côté du parking de la Montagne des Singes. Je survole ce ravito où il y a pas mal de spectateurs, ce qui n'était pas vraiment le cas dans la montagne. Plus loin, je vais recevoir un SMS de Julie m'indiquant son passage à ce même ravito 17 minutes après le mien. Nous longeons pendant un bon moment la très haute enceinte du parc de la Montagne des Singes. Malgré les douleurs j'arrive à aller au-delà et pour le moment ça tient. C'est vers le km 11,5 que la pente reprend vraiment de l'altitude en débutant la grimpette en direction du Château du Haut-Koenigsbourg. J'ai l'impression que ça me refait plus mal qu'en début de course. Peut-être est-ce le changement de position avec la transition descente-montée. Je sers les dents et ce qui me remonte le moral c'est que personne ne me double, c'est même moi qui continue ma progression en avant (mais j'ai arrêté de compter le nombre de coureurs dépassés). Au km 12, un panneau de l'organisation du HK prévient d'une surprise dans 100 mètres. Et 100 mètres plus loin, en pleine forêt et en pleine montée, nous arrivons au lieu-dit de la Cabane de Pain d’Epices. A cet endroit, deux femmes et un enfant nous tendent des morceaux de pain d'épices. Bien sympa ! J'en prends un mais je me rends compte que sans boire, c'est galère car ça colle vraiment beaucoup dans la bouche.
Au km 13, la douleur est trop intense, je ne peux plus courir et même marcher devient très compliqué. J'essaye à plusieurs reprises de me faire violence en relançant ou en m'étirant mais rien n'y fait. Je n'avance plus. Il me reste plus de 2,5 kilomètres pour arriver au prochain ravitaillement, tout en ascension. Je grimpe comme je peux sur une jambe. Je perds des places à n'en plus finir. C'est maintenant un calvaire. Le véritable ascenseur émotionnel. La galère des 3 premiers kilomètres en me disant que c'est trop douloureux pour faire la course, puis l'espoir de terminer avec un temps plus qu'honorable en me sentant mieux et maintenant ... l'enfer. Je reçois de nombreux encouragements de coureurs qui me doublent et qui s'inquiètent de ma santé, me voyant marcher très difficilement. Bien plus loin, j'arrive enfin au ravitaillement (qui n'est pas encore le sommet car il reste encore 1,4 kilomètres pour dépasser le Château du Haut-Koenigsbourg). Dès que j'arrive à ce ravito, une personne vient aussitôt vers moi me demandant si je suis le copain de Julie. Il s'agit de Frédéric je ne connaissais pas encore et qui me rendra un véritable coup de main plus loin (sans que je le sache encore pour le moment). Il me voit dans le mal et je lui explique mon... léger soucis. Je me sers un gobelet de Coca et d'eau gazeuse avant de me faire pointer puis je prends place sur un banc pour essayer de m'étirer. Mais rien n'y fait. Du coup j'attends l'arrivée de Julie. Un peu moins de vingt minutes plus tard, elle arrive à son tour à ce ravitaillement. Je ne la vois pas arriver mais j'entends Frédéric l'encourager et lui dire que son chéri a besoin d'elle. e discute ensuite avec un signaleur qui me dit qu'il peut faire appel aux secours pour me rapatrier vers Kintzheim mais je préfère tenter le coup même si je sais que c'est un pari fou et pas raisonnable. D'ailleurs pendant la suite de l'ascension vers le château, Julie reste marcher à mes côtés et ne cesse de me répéter d'arrêter, qu'elle peut appeler Frédéric resté au ravito pour encourager un ami afin qu'il me redescende en voiture ensuite. Mais je ne veux pas. Nous finissons par arriver au niveau du château que nous avons visité la veille. Virage serré à gauche puis à droite pour entrer dans l'enceinte même du Château du Haut-Koenigsbourg que nous traversons à des endroits où le public ne peut pas passer en temps normal, notamment sur le chemin de ronde. Sans que je le sache, Julie a envoyé un message à Frédéric pour qu'il me récupère à la sortie du château, tout en haut de la dernière et longue descente de 10 kilomètres qui était censé m'amener sous l'arche d'arrivée.
Une fois le château traversé, je me présente pour entamer la descente mais la douleur est trop vive. Je ne peux plus poser le pied gauche par terre. Julie m'incite voire m'ordonne d'arrêter. Frédéric est là aussi prêt à me redescendre en voiture. Je ne veux pas mais après plus de 6 minutes de discussion, c'est la mort dans l'âme que je finis par abdiquer. Julie reprend sa course et elle me fait promettre de ne pas tenter de repartir dès qu'elle aura le dos tourné. Du coup, je vais aussitôt voir un officiel pour lui notifier mon abandon. Frédéric me ramène à Kintzheim. Je suis dégoûté. Totalement dégoûté !
Julie dévale la pente et remonte de nombreuses places dans cette longue descente qui n'est pas très technique et relativement douce. Elle aura perdu beaucoup de temps en m'accompagnant sur les 1400 derniers mètres de l'ascension et également lors des 6 minutes où elle a essayé de me convaincre d'arrêter. En bas, elle franchira la ligne d'arrivée 680ème en 3h30'06'', juste derrière une goélette portée par l'association Dunes d'Espoir.
Elle y retrouve Dom', une amie alsacienne avec qui on va partager un bon repas à Kintzheim, histoire de se requinquer et de me remonter le moral qui est bien bas. Après m'être restauré, je vais vers la ligne d'arrivée comme je peux afin de retrouver mon pote Eric qui a dû abandonner lui aussi sur le 109 km suite à une chute. Joli pansement l'ami. Ça m'a bien fait plaisir de le revoir. Il encourageait d'autres coureurs de l'US Toul qui ont terminé brillamment leur course.
La date du 6 septembre 2020 est déjà cochée car je ne veux pas rester sur un tel échec. J'ai beaucoup aimé le parcours, les paysages, l'organisation, ... donc l'an prochain nous serons au départ de cette même course en mode ''revanche'' ! En plus ça sera la 10ème édition de ce Trail du Haut-Koenigsbourg.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire