Nevers Marathon by Plus (58)

Samedi 24 octobre 2020


 

Nous, coureurs à pied qui voyons semaine après semaine nos possibilités de s'aligner sur des courses se restreindre à cause de cette pandémie du Covid-19 (oui, je sais, il paraît qu'il faut dire : LA Covid-19, mais ''le'' ou ''la'' ça ne change rien, on s'en fiche !), devons chercher minutieusement des compétitions à l'aide de notre ami : internet. Et pour le moment ça fonctionne bien pour moi. Depuis le 6 septembre, j'en suis à 8 courses (un 5 km, trois 10 km, deux trails courts (10 et 11,1 km) et deux semi-marathons). Alors pourquoi s'arrêter en si bon chemin ? Avec mon envie de course à pied due à ma longue blessure (je n'ai repris le footing que fin juin), et après l'annonce de l'annulation du marathon de Metz, j'ai vu que celui de Nevers n'était pas déprogrammé. Un des seuls en France depuis le début de l'année ! Du coup, j'ai décidé de m'y inscrire, ce qui me fait une préparation expresse de quatre semaines, d'où mes deux semi-marathons courus récemment.


A l'origine, le Marathon de Nevers devait se courir le dimanche avec un départ sur le circuit automobile de Formule 1 de Magny-Cours pour arriver dans la ville de Nevers, mais pour éviter son annulation comme quasiment partout en France, les organisateurs et la Préfète ont trouvé un compromis : courir les 42,2 km uniquement sur le circuit automobile (9 tours complets suivant un premier réduit) le samedi en nocturne (20h). L'immense majorité des athlètes inscrits préfèrent s'accommoder de ce nouveau dispositif et tant pis si on court le soir, et tant pis si on va tourner, et tant pis si le dénivelé va s'élever à environ 500m D+ car un circuit automobile n'est pas plat du tout... Nous sommes tous heureux de courir avec un dossard sur notre débardeur de club ou sur un maillot quelconque. Le chrono ne devrait pas être formidable mais l'excitation de porter mon neuvième dossard de l'année (c'est très faible pour moi mais énorme pour une année tellement spéciale) est plus forte que tout !


Le programme des différentes courses de ce Nevers Marathon by Plus ramené sur la seule journée de samedi :
  • à partir de 16h00 : Marathon Kids (1000m pour les enfants de 2009 à 2013, 2000m pour les enfants de 2007 et 2008, 3000m pour les enfants de 2005 et 2006)
  • 20h00 : Marathon solo et Marathon duo
  • 21h00 : Marathon Ekiden
Tous les départs seront donnés comme pour la Formule 1 : sur la grille de départ ! Je pense vraiment que ça va être cool avec les noms des courbes, des virages, des chicanes que les fans de Formule 1 comme moi, connaissent par cœur : la Grande courbe, la courbe Estoril, la courbe du Golf, le virage Adelaïde, la chicane Nürburgring, la courbe 180, la chicane Imola, le virage du Château d'eau et le virage du Lycée.



Quelques petites informations concernant ma course : les spectateurs, dont Julie, pourront prendre place dans la tribune C qui se trouve face aux stands devant la grille de départ. Je vais porter le dossard numéro 617. Le départ sera donné à 20h sur cette grille de départ. Mon tour de piste le plus rapide sera très loin du record détenu par le pilote de Formule 1 espagnol Fernando Alonso en 1'13''698, établi en 2004 sur sa Renault F1 Team. Des meneurs d'allure seront présents et un ravitaillement sera à notre disposition à chaque tour en sortie des stands. On va vraiment pouvoir se prendre pour des ''Formule 1''... mais sans la vitesse ! Il ne faut pas oublier que de la restauration est prévue pour les coureurs et les accompagnateurs de l'après-midi jusqu'à deux heures du matin. En ce qui nous concerne personnellement, nous allons loger juste après le marathon au Kyriad de Nevers. Voilà, le décor est planté, il n'y a plus qu'à !


La première étape de notre escapade consiste à nous rendre au circuit de Nevers Magny-Cours, situé au sud de Nevers à une quinzaine de kilomètres. Un grand parking est réservé pour les coureurs et les accompagnateurs. Il sera également à notre disposition au moment de la course. Pour pénétrer dans l'enceinte de ce magnifique circuit de Formule 1, nous devons passer au thermomètre frontal. Ouf pas de température. Puis on nous dote d'un bracelet chacun : un à dominante violet pour moi en qualité de coureur et un rose pour Julie comme pour tous les accompagnateurs. Sans ce bracelet il sera impossible d'entrer dans ce domaine de courses automobiles. Nous le traversons entièrement. Des courses ont lieu en ce moment même. Quels beaux bruits dès qu'une voiture passe à pleine vitesse ! Nous arrivons dans les salons situés dans le grand bâtiment planté devant la grille de départ face à la plus imposante des tribunes (celle où Julie prendra place durant mon marathon). Je retire mon dossard numéro 617. En tant que coureur, je reçois divers cadeaux : une paire de chaussettes de compression BV Sport, une coupelle de la faïencerie Georges, un tee-shirt technique orange de la course et un vin rouge Sancerre (on avait le choix entre un rouge et un blanc). Il ne me reste plus qu'à aller chercher la belle médaille qui représente un volant de Formule 1. Rien de plus simple pour la décrocher : courir les 42,195 km ce soir !











Nous ressortons des salons pour revenir sur nos pas et aller jeter un coup d'œil sur la tribune ''C'', histoire que Julie voit où elle pourra se mettre et surtout pour qu'on observe la course automobile qui se déroule actuellement. Je suis impressionné. Le sport automobile est un des sports que je suis (comme TOUS les sports d'ailleurs).



Nous retournons à la voiture afin de nous rendre à Nevers et de prendre possession de notre chambre d'hôtel au Kyriad. Nous sommes au cinquième et dernier étage. La chambre 509 est très correcte et surtout très calme. C'est l'essentiel pour nous et surtout pour moi car j'aimerais me reposer un peu avant la course. 





Mais avant de ''siester'' nous allons visiter le centre historique de Nevers qui ne se trouve pas bien loin. Nous ne pensions pas que le centre de Nevers était si beau, surtout nous qui aimons les vieilles pierres, les vieux bâtiments, les ruelles pleines de charmes, les pavés, l'Histoire,...  Les bords de la Loire sont également très agréables. Une petite heure de marche avant de se boire un café (pour Julie) et un chocolat chaud (pour moi) qu'on a pris en passant au Mc Do en revenant à l'hôtel. Chocolat chaud, coquillettes froides à l'huile d'olive préparées chez nous avant de prendre la route, voilà ce qui compose mon ''4 heures'' d'avant marathon. Puis une bonne sieste au calme me permet de ne pas stresser avant la course. Malgré mes 638 courses depuis le début de ma ''carrière'' de coureur, je suis toujours un peu stressé avant d'entendre le coup de feu du starter. C'est ainsi, je m'en accommode.






Il est 18h45 lorsque nous quittons le Kyriad. Quand nous nous étions stationnés à midi sur le parking des coureurs qui est un très grand champ, il n'y avait pas beaucoup de monde. Là, lorsque nous arrivons à côté du circuit, ce même parking est déjà bien occupé. Mais peu importe, il y a beaucoup de place et surtout il y en aura largement pour tout le monde. Quand je quitte la voiture, je suis déjà en tenue pour ma course. Mais pour ne pas attraper froid en attendant le départ, je me suis équipé d'un grand sac poubelle que j'enfile par la tête après avoir fait un trou pour la faire passer. Au moins ça permet de conserver la chaleur corporelle. Nous allons dans l'enceinte du circuit et en attendant que la piste soit ouverte aux coureurs, j'attends avec Julie au niveau du food-truck. Quelques photos plus tard, Julie prend la direction de la tribune ''C'' et moi celle de la piste.







Je fais mes premiers pas sur la piste. Un vrai régal ! Je ne sais pas si on peut appeler ça un échauffement car je ne cours que 300 mètres. Je dirais plutôt qu'il s'agit d'un ''premier contact" avec la piste. Ce n'est pas la première fois que je vais faire une course en intégralité sur une piste automobile. J'ai déjà participé à deux reprises au 10 km de la Ferté-Gaucher en Seine-et-Marne couru intégralement sur le circuit. Mais ça ne se limitait qu'à 10 kilomètres. Là il y en a simplement... 42,195 km ! Nous attendons sur le côté de la grille de départ avant d'y accéder, le temps que les meneurs d'allure soient présentés au public.




Les organisateurs nous permettent maintenant d'accéder à la grille de départ. Pour y aller nous devons longer le barrièrage en sens inverse de la piste puis au niveau de l'entrée des stands nous reprenons la marche normale vers l'arche de départ avec des sas de niveau tout au long de cette grille. Tous les coureurs, dont moi, font cette procession en trottinant jusqu'à ce qu'on arrive au niveau du sas désiré. Je vais peut-être faire peur à Julie mais j'entre dans le sas des 3h sans aller avec les autres coureurs de ce niveau. En effet, je me place en font de sas, seul, histoire d'être juste devant les 3h15 pour ne pas être gêné en début de course. Je sais que la difficulté du parcours ne m'arrange pas pour tenter de battre mon record qui est de 3h33'36'' mais maintenant que je suis sur cette piste avec le dossard, je ne veux rien regretter et voir à la fin de la course un chrono de moins de 3h20' me remplirait de joie. Un bon 3h19'59'' serait le top !








Quelques minutes plus tard, le speaker demande à ce que chaque sas se rapproche de celui se trouvant devant, histoire qu'un seul et unique peloton se forme derrière l'arche de départ. Mais le speaker nous demande de patienter car en effet, le système de chronométrage est a été installé en un temps record mais il leur manque un tout petit instant. Il y a une trentaine de minutes se terminait une course automobile. Alors au lieu d'avoir l'après-midi pour effectuer cette installation, les chronométreurs n'ont eu droit qu'à quelques petites dizaines de minutes. Bravo à eux !






Le moment fatidique approche, le starter nous met en garde quant au départ imminent. Deux voitures ouvreuses sont prêtes à partir pour ce premier tour qui est le plus petit. Il sera suivi par neuf autres tours complets du circuit. Avec deux montées par tour, ce qui fait un total de 19 grimpettes de pratiquement un kilomètre chacune. Une belle bataille contre soi-même s'annonce, surtout pour les jambes !





L'annonce des secondes dans le micro s'égraine hyper vite. Nous n'avons pas tous la même notion du temps. La pression monte d'un coup et redescend dès que le coup de pistolet retentit. Je me décale complètement sur la partie droite de la très large piste. Je conserve le masque obligatoire pendant quelques temps avant de le glisser dans un sachet plastique dans la poche arrière de mon short. Le départ est plutôt descendant avec au bout le virage à gauche avant d'entamer la longue courbe Estoril à droite qui est le début de la première longue montée d'un kilomètre menant jusqu'au virage Adelaïde. La plupart de cette montée se fait dans une quasi obscurité. Pour le moment, je me trouve quelques mètres derrière le peloton des 3 heures. Je me sens bien dans la montée. Une fois en haut, au lieu de piquer vers la descente à droite, nous continuons tout droit (uniquement pour cette petite boucle), histoire d'arriver quelques mètres plus loin au niveau du sommet de la seconde côte qu'on ne monte pas là. En fait, sur cette petite boucle, on coupe le circuit. Cela nous amène dans la longue descente du Château d'eau vers le virage du Lycée qui tourne à droite pratiquement au niveau de l'entrée des stands. Je me retrouve maintenant sur la grille de départ avec la tribune des accompagnateurs sur ma droite. Je pense entendre Julie m'encourager, mais avec le brouhaha je n'en suis pas certain. Je suis légèrement décroché du groupe des 3 heures.
Classement à l'issue de la petite boucle (2,5 km) : 105ème en 11'55'', 19ème M02



Nous sommes maintenant sur le tour complet du circuit (4411 mètres) à faire neuf fois. Je ne me préoccupe pas du ravitaillement placé juste après l'arche d'arrivée sur ce premier tour. Je continue à perdre du temps sur les coureurs devant moi dans la descente mais une fois la courbe Estoril négociée et la montée entamée, je remonte progressivement sans forcer. Je me sens plus à l'aise dans les montées que dans les descentes, pourtant il y a un fort vent de face dans les parties montantes. Lorsque j'arrive au sommet, à Adelaïde, je suis au contact du groupe des trois heures. On prend le virage serré sur la droite pour nous retrouver dans la descente avec la chicane Nürburgring un peu plus loin. Je reperds rapidement le contact avec le groupe. Peu importe, je sais que ma force est de ne pas me fier à l'allure des autres. Je sais aussi ce que j'étais capable de faire lors de mes sorties longues. En bas, on arrive dans le 180 et dès qu'on en sort, on retrouve ce fichu vent de face et la seconde montée de la boucle qu'on n'a pas faite lors du petit tour. Nous sommes encore dans la pénombre. Je reviens une fois de plus petit à petit sur le groupe devant moi. La jonction est faite dès la chicane Imola. Mais ça continue à monter jusqu'au virage du Château d'eau où nous entamons la longue descente vers le Lycée. J'ai à nouveau reperdu le contact dans la partie descendante. Virage à droite avant de me retrouver sur la grille de départ où cette fois je suis certain d'entendre Julie même si je ne la vois pas.
Classement à l'issue de la première grande boucle (6,9 km) : 104ème (1 place gagnée) en 30'56'', 19ème M02


J'attrape au vol une petite bouteille d'eau et je me ravitaille sans perdre la moindre seconde mais je continue à perdre du temps sur les coureurs devant. Un peu plus loin, je profite de la longue montée pour recoller une fois de plus avant d'arriver au virage Adelaïde. La descente suivante me voit encore laisser partir le groupe. Décidément je suis incapable de rester avec eux dès que ça descend. Je pourrais mais il faudrait que je fasse un effort et franchement je pense que j'aurais besoin de toute mon énergie plus tard. C'est quand même long 42,2 km ! Une fois à la sortie du 180, j'entame la seconde montée (légèrement plus courte que la première : 900m contre 1000m). Mais au lieu de revenir comme je l'ai toujours fait jusqu'à présent, j'ai l'impression qu'ils accélèrent vraiment beaucoup. Du coup, je me retrouve maintenant seul. Je suis parti pour un très long contre-la-montre avec pour objectif de ne pas me faire reprendre par le groupe des 3h15 ou au pire que cette éventuelle jonction se fasse le plus tardivement possible. Je ne suis pas le seul à avoir été lâché irrémédiablement de ce groupe. De loin, j'en vois s'en faire éjecter. Je déroule dans la longue descente avant de tourner à droite pour atteindre la grille de départ et ma chérie dans la tribune.
Classement à l'issue de la deuxième grande boucle (11,3 km) : 103ème (1 place gagnée) en 49'59'', 19ème M02


Passage au ravitaillement. Je compte en profiter à chaque tour pour éviter les crampes de fin de course mais aussi pour ne pas perdre trop d'énergie car avec le dénivelé positif qui s'accumule et le vent, le parcours est hyper sportif. Mais quelle joie de courir sur un revêtement aussi propre et lisse. Pas le moindre trou ni la moindre fissure. Dans la première montée je commence déjà à prendre un tour aux derniers de la course. Il va leur falloir plus de courage que moi pour terminer ! Lorsque j'entame la montée suivante à la sortie du 180, j'entends le speaker donner le départ de l'Ekiden. Je continue de remonter des coureurs qui sont de plus en plus nombreux à qui je mets un tour. La seconde montée est légèrement plus courte que la première mais je la trouve un peu plus compliquée. Pour le moment ma foulée reste bien souple et aucune fatigue n'arrive. Pourvu que ça dure ! Je déroule bien dans la longue descente avant de tourner à droite pour déjà me présenter sur le début de la ligne droite des stands et la grille de départ. Je vais terminer la troisième grande boucle. Il en restera encore six par contre. Moi qui n'aime pas habituellement les courses avec plusieurs tours, là je suis réellement servi !
Classement à l'issue de la troisième grande boucle (15,7 km) : 102ème (1 place gagnée) en 1h09'11'', 18ème M02 (1 place gagnée)

Comme au début de chaque tour je poursuis mon habitude de prendre un micro ravitaillement. La fatigue ne se fait pas du tout ressentir et mon allure est bonne. Je n'arrête pas de prendre un tour à des coureurs qui vont en ''chi**'' jusqu'au bout. Je double même des meneurs d'allure (5h00, 4h30,...). Je confirme ma relative aisance dans la longue montée venteuse qui mène au virage Adelaïde. Le problème de doubler est que je ne peux pas rester à la corde. Surtout dans les courbes où obligatoirement je dois faire plus de distance que sur la trajectoire idéale. Une fois à Adelaïde, j'entame la descente. Maintenant que je suis loin du meneur d'allure de 3h je ne ressens plus mon manque d'entrain dans les descentes même si je sais que je suis moins performant sur ces parties pourtant beaucoup plus faciles (descente + vent de dos), mais c'est surtout parce que je double rapidement des coureurs bien moins bons que moi. Après la courbe du 180, je retrouve ce cher vent de face, la pénombre et surtout la montée avec le léger replat de la chicane Imola avant de regrimper jusqu'au Château d'eau. Je profite de la longue descente pour bien allonger ma foulée. Ha oui tiens, je me suis fait prendre un tour par le leader de la course. Lorsqu'il est passé, je pensais qu'il allait s'en suivre une nuée de poursuivants, mais il a créé un très bel écart ! En bas, au Lycée, je tourne à droite pour pénétrer sur la grille de départ. A chaque passage, nous avons tous droit à de belles acclamations venant de la tribune ''C''. Mais je n'entends pas Julie qui est partie se réchauffer à la buvette dans les grands salons, ce qui ne l'empêche pas de me voir passer derrière les grandes baies vitrées.
Classement à l'issue de la quatrième grande boucle (20,1 km) : 97ème (5 places gagnées) en 1h28'28'', 17ème M02 (1 place gagnée)




Une petite boucle et quatre grandes boucles couvertes, ce qui fait cinq boucles alors qu'il y en a dix à faire. Je pourrais me dire que j'en suis à moitié mais pas vraiment car ce sont cinq grands tours qui restent. Mais pour le moment ça se passe vraiment très bien. Le ravito c'est fait, la petite bouteille dans la poubelle c'est fait, je poursuis la partie descendante jusqu'à Estoril où je prends bien à la corde malgré les coureurs que je double. Dans la première des deux montées du circuit, je passe des coureurs qui étaient devant moi dans le groupe des 3 heures. J'ai grignoté quelques places. C'est ce que je fais surtout depuis le tour précédent. Avant que ma course débute, on avait parlé avec Julie de la possibilité d'aller nous restaurer après le marathon au McDo de Nevers qui ferme à 2 heures du matin. C'est étrange mais à ce moment même de la course, je me verrais bien manger un hamburger ! Mais ça me passe vite, je me replonge bien dans ma course avec une foulée toujours efficace. Quand je vois certains coureurs de tête et même que je double, chaussés de modèles à plus de 300 euros qui permettent de gagner des secondes à chaque kilomètres, je me dis ''vive le dopage technologique''. Moi qui suis en train de courir avec mes NB en toute fin de vie... La semaine dernière j'avais même couru à l'entraînement avec de nouvelles chaussures pour essayer de les ''faire'' pour ce marathon, mais finalement j'ai conservé celles avec lesquelles j'ai couru plus de 1100 km rien que durant les trois derniers mois. Le plaisir de savoir que ce qu'on réalise n'est dû quasiment qu'à soit. Je sais très bien qu'une paire correcte de chaussures est un apport vis à vis du coureur pieds nus, donc une sorte d'aide technologique, mais à une micro dose. Bon, j'ai des pensées bizarres en courant (mcdo, chaussures volantes,...). La seconde montée est toujours plus compliquée pour moi que la première mais ça passe bien. Virage du Château d'eau puis descente jusqu'au Lycée et virage à droite jusqu'à la grille de départ. Tiens, j'ai doublé Dan du club de la JAC, qui se trouve du côté de Nancy et que je connais depuis quelques années grâce à mes participations aux ''6 Jours du Toulois''. Julie est encore dans les salons au chaud pour me voir passer sur ce tour.
Classement à l'issue de la cinquième grande boucle (24,5 km) : 95ème (2 places gagnées) en 1h48'08'', 18ème M02 (1 place perdue)


Et ça continue avec le passage au ravitaillement. Juste après l'arche d'arrivée, on a l'impression de courir dans un couloir alors que la piste est hyper large. Mais c'est à cet endroit que les coureurs de la course duo, passent leur relais. Du coup, ils se placent de manière à voir arriver leur coéquipier et forment une barrière humaine. Mais il n'y a aucune gêne pour ceux qui passent. Franchement un grand chapeau aux organisateurs qui ont mis une année à mettre sur pied un marathon partant du circuit de Nevers Magny-Cours pour se terminer dans la ville de Nevers et surtout quelques jours pour le repenser de la manière qu'on nous l'a offert ce soir. Une superbe organisation au top ! Il ne reste que quatre tours de circuit. Je me dis qu'au minimum je dois encore tenir deux tours sans que le meneur d'allure de 3h15 me reprenne, ce qui me laisserait deux autres tours pour ne pas perdre plus de cinq minutes sur lui et boucler ma course en moins de 3h20'. Je suis motivé à bloc ! Je continue de doubler des coureurs à qui je mets un premier, voire un second tour, dans la vue, mais également pour certains, qui étaient devant moi au classement. Une fois à Adelaïde j'entame la descente et juste avant d'arriver au 180, j'aperçois sur ma droite la flamme du meneur d'allure du 3h15 qui en est à mi-montée vers Adelaïde. Au moins, je connais maintenant la distance approximative qui nous sépare. Pour le moment c'est assez confortable mais il ne faut pas que je me repose sur mes lauriers. Ce n'est pas mon intention de toute façon. J'entame la seconde montée et lorsque j'arrive à la chicane Imola, je me trouve juste au niveau du meneur 3h15 qui est maintenant dans la descente entre Adelaïde et le 180. Je me fais un point de repère pour les tours suivants, histoire de voir si mon avance reste suffisante. Dans la descente après le virage du Château d'eau, j'essaye d'encourager un copain qui s'arrête... plus de jus. Pourtant il était parti bien vite durant la première moitié de course. Virage du Lycée puis j'arrive sur la grille de départ où j'entends les encouragements de Julie qui a repris place dans la tribune C. Je l'entends mais ne la vois pas.
Classement à l'issue de la sixième grande boucle (28,9 km) : 87ème (8 places gagnées) en 2h08'07'', 17ème M02 (1 place gagnée)


Maintenant à chaque tour je prends ou je reprends un tour à un meneur d'allure entouré de coureurs. Mais ça tombe mal lorsque ce dépassement s'effectue dans une grande courbe ou même lors d'un virage serré. Finalement je perds quelques mètres pour les contourner mais je retrouve aussitôt mon tempo. Depuis le début je n'ai pas pensé une seule fois en terme de kilomètres mais en tours couverts et restants. Du coup, je ne connais même pas la distance exacte courue pour le moment. Je sais seulement qu'il me reste un peu moins de trois grands tours de circuit à faire. Je double énormément de monde dans la montée avant d'arriver à Adelaïde. J'entame ensuite la descente mais lorsque je me relance, je me rends aussitôt compte que le dessus des deux cuisses est devenu d'un coup tout dur, même douloureux. L'accumulation des montées, des descentes, du vent de face, est hyper usante. Même si l'asphalte offre un réel plaisir de courir dessus, ce marathon est de loin le plus dur que j'ai fait. Et ça se voit aussi sur les autres coureurs qui devant moi continuent de craquer un à un. Pour ma part, je ne perds que quelques secondes au tour. Pourtant c'est quand même un tour de 4,411 km, donc quelques secondes perdues ce n'est vraiment rien. Une fois en bas et le 180 effacé, je me retrouve dans la montée avec le vent de face. Je suis surpris de me rendre compte que lorsque ça monte, les douleurs sur le haut des cuisses disparaissent, la posture n'étant pas la même que lors d'une descente. Tant mieux ! Je croise le meneur d'allure de 3h15 un peu avant que je sois à la chicane Imola. J'ai pratiquement la même avance sur lui qu'au tour précédent. C'est très bon pour moi ça ! La fin de la montée jusqu'au virage du Château d'eau est quand même la partie la plus compliquée car ça continue de monter mais c'est aussi à cet endroit que le vent de face est le plus fort. Et plus on avance dans la course, plus le vent est violent. Dans la longue descente suivante, les douleurs reviennent aussi vite qu'elles étaient parties. Ce ne sont que des douleurs musculaires donc rien de méchant. Ce n'est que dans la tête qu'on gère ce genre de soucis. Et elles ne m'empêcheront pas d'aller décrocher mon record personnel sur la distance ! Virage à droite, puis grille de départ pour la fin de ma huitième boucle depuis le départ de la course !
Classement à l'issue de la septième grande boucle (33,3 km) : 78ème (9 places gagnées) en 2h29'04'', 12ème M02 (5 places gagnées)

Deux tours ! Il ne me reste que deux tours de circuit à couvrir. Deux fois 4,411 km, un bon 8,8 km pour terminer, quatre montées et quelques douleurs sur le dessus des cuisses. Ce n'est rien, ça sent bien bon ! Lorsque je suis dans la courbe Estoril qui tourne vers la droite, la moto ouvreuse fait s'écarter sur la gauche, tous les coureurs dont moi, pour laisser progresser le leader de la course sans le gêner. Ca va bien vite. Une fois qu'il est passé, j'en profite pour replonger à la corde avant les coureurs que je doublais tout en entamant la montée vers Adelaïde. A nouveau, plus de douleurs dans les cuisses. Depuis le début de ce marathon, je me suis toujours senti mieux dans les montées que dans les descentes, et maintenant que ces légers soucis de cuisses se présentent, c'est exactement la même chose. Me voilà en haut dans le virage Adelaïde sur ma droite. La descente suivante rebelote, ouille ouille mes cuisses mais je me force à perdre un minimum de temps. Un peu devant moi un coureur s'écroule sur le bas côté herbeux. D'autres participants s'inquiètent de sa situation mais l'homme au sol leur fait comprendre qu'il pourra se débrouiller sans eux. Après avoir pris le 180 et être remonté de l'autre côté, j'ai vu les secours arriver à sa hauteur. Quant à mon point de repère par rapport au meneur d'allure de 3h15, il a un peu bougé. On s'est croisé un peu avant la chicane Imola. J'ai perdu un peu de temps, mais honnêtement je ne vois pas comment je pourrais maintenant perdre toute mon avance. Surtout que j'arrive en haut au virage du Château d'eau, ce qui veut dire qu'il ne me restera plus que deux montées sur les dix-neuf au programme ! Bon la descente suivante est douloureuse musculairement mais personne ne peut voir que j'ai mal car ça ne se ressent pas sur ma foulée. Comme je le disais, ce n'est que dans la tête ! J'avais peur des crampes mais rien du tout à ce niveau là. J'avais peur de courir au-delà de 25 kilomètres qui était un peu l'inconnu depuis mon retour de blessure, mais rien du tout non plus à ce niveau là. En fait tout va bien pour moi. Dans le virage du Lycée je double Dan que j'encourage à nouveau. Grille de départ avant d'entamer mon ultime tour de circuit !
Classement à l'issue de la huitième grande boucle (37,7 km) : 65ème (13 places gagnées) en 2h50'53'', 11ème M02 (1 place gagnée)


Mon dernier tour. Inconsciemment, je le prends comme un tour d'honneur. Je lève légèrement le pied pour éviter tout désagrément. Je sais que je ne me ferai pas reprendre par le groupe de 3h15, que je vais exploser mon record, alors à quoi bon terminer à bloc et voir arriver une crampe qui va me gâcher mes derniers kilomètres alors que ma course se passe parfaitement bien depuis le début. Aucune lassitude. Je sais que je pourrai faire encore mieux lors d'un prochain marathon même si j'ignore quand il se présentera avec ce fichu virus Covid-19. Je profite de la dernière montée vers Adelaïde en me disant que c'est la dernière fois que je passe ici. Je l'aimais bien cette grimpette même si le vent était plutôt véhément. Me voilà dans le virage Adelaïde et aussitôt les cuisses se durcissent dans la descente suivante. Pas grave. Je continue à slalomer pour doubler les nombreux retardataires. L'avantage, et également l'inconvénient, de courir sur un circuit d'environ 4,4 km est qu'on se trouve rarement seul mais qu'on doit également se frayer un chemin à travers des petits groupes de coureurs à qui on prend un tour. En bas, je négocie le 180 pour profiter de la dernière montée de la course... avec les douleurs aux cuisses qui disparaissent. Je me rends compte que j'ai perdu du temps sur le meneur d'allure de 3h15, mais mon avance sur lui est suffisamment importante. Après la chicane Imola, je ne quitte pas des yeux le virage du Château d'eau qui est le point culminant du parcours. Je sais surtout qu'une fois là-haut, il ne restera plus que de la descente. Encore une dizaine de mètres puis je colle les vibreurs du virage pour entamer la descente. Celle du plaisir, celle où on oublie les douleurs, celle où on sait qu'on a fait le job du début à la fin. Jamais je ne me serais senti aussi bien sur un marathon durant toute la course. Aucun plan marathon, à quoi bon se sentir prisonnier d'un plan alors qu'un enchaînement de sorties longues quasiment tous les jours, permet au corps de s'habituer à un tempo. J'adore ce sport et aujourd'hui il me le rend bien. Dernier virage du Lycée négocié, je me présente sur la grille de départ. Au lieu de me placer le plus à gauche possible pour refaire un nouveau tour, je reste au plein milieu de piste, je double un coureur et je franchis la ligne d'arrivée. Je termine 64ème/536 classés en 3h13'18'' et 12ème de ma catégorie.


Dès l'arche d'arrivée franchie, on prend un sac de ravitaillement et on nous remet autour du cou la magnifique médaille. Je regarde à nouveau mon chrono : 3h13'18''. Record personnel explosé de plus de vingt minutes. J'ai effacé les 3h33'36'' de Laval. Mais je me sens prêt à ne pas rester sur cette nouvelle marque. Je sais que je peux faire mieux. Quel parcours exigeant ici ! Mais c'est vrai qu'en étant fan de Formule 1 (comme je le suis de pratiquement tous les sports d'ailleurs), quel pied de courir sur ce circuit de Nevers Magny-Cours. Quand je regarde le profil GPS, je comprends encore mieux que ce marathon n'était pas de tout repos avec aucune portion de plat !




Julie est descendue de la tribune pour m'attendre derrière la grille de la zone d'arrivée. Je reprends mon masque qui était dans mon short, pour le remettre sur mon visage et je la rejoins en dehors de cette zone. Il ne fait pas chaud alors j'enfile mon coupe vent que ma chérie avait conservé avec elle. Nous traversons tout le circuit automobile pour retrouver le parking là où nous avons stationné la voiture. Je me change intégralement pour ne pas attraper froid et lorsque je m'assois pour reprendre le volant, je me sens tout bizarre. Mais bon, ça doit être la fatigue. Je démarre la voiture, fait quelques mètres et je dois me garer en urgence. Je sors de la voiture et manque de m'étaler au sol. Je suis en train de faire un vrai malaise. Très certainement la fatigue, le froid, l'effort, la faim.. Je me rassois, la tête dans les bras posés sur le volant sans la moindre réaction. Quelques instants plus tard, je refais un peu surface, ça va mieux. Mais pas top. Julie finira par prendre le volant pour retourner à Nevers. Elle me dépose à l'hôtel avant de retourner au centre ville pour nous prendre un Mc Do. Pendant son absence, je me suis refait une santé. Le malaise est oublié. Je pense que le cocktail décrit avant est la cause de ce petit problème technique. Une bonne douche bien chaude à l'hôtel m'a permis de me remettre totalement sur pied. Vivement le prochain marathon ! Il est 3 heures du matin, nous allons nous coucher !

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Super Jeff ! Sergeiy

Anonyme a dit…

Super Jeff ! Tu reviens plus fort qu'avant ! Sergeiy