Marathon de Cheverny (41)

Dimanche 7 avril 2019


Après une petite préparation concoctée par notre coach Stéphane, nous voilà fin prêts à prendre le départ des 42,195 kilomètres du ''Marathon de Cheverny''. Un cadre magnifique nous attend en pleine Sologne avec en point d'orgue le château de Cheverny et son magnifique parc. Un  merveilleux bâtiment connu pour diverses raisons mais notamment en tant qu'inspiration à Hergé pour créer l'aspect extérieur du château de Moulinsart où réside le Capitaine Haddock. D'ailleurs une exposition permanente interactive réalisée en collaboration avec la Fondation Hergé fait découvrir l'univers de Tintin et les personnages des différents albums.


Le parcours est composé de trois boucles, une petite (4,4 km), une grande (16,7 km) et une encore plus grande (21,1 km), avec passage à chaque tour non loin du fameux château de Cheverny. Un tracé qui nous fera successivement passer à Cour-Cheverny, au golf, au Domaine de Montcy, ... Un peu avant la mi-course, nous pénétrerons dans le parc du château de Cheverny avant de passer plus loin devant le château de Troussay. Le 38ème kilomètre risque d'être un véritable piège pour les coureurs avec un ravitaillement gastronomique au Domaine du Portail. Fromages de chèvre et vins du cru nous y attendent. A quatre kilomètres de l'arrivée sur le tapis rouge, il ne faudra pas que ça nous coupe les jambes, mais il va être difficile de repousser cette gourmandise !


Le vendredi, le retrait des dossards est faisable en magasin, mais nous ne serons sur place qu'à partir du samedi. Le village du Marathon est ouvert le samedi de 10h à 19h et le dimanche de 7h à 8h30, ce qui nous permettra de nous y rendre pour récupérer les dossards. Je vais porter le numéro 477 et Julie le 1055. Le programme des courses proposées lors de cet événement est relativement chargé. Il y en aura donc pour tout le monde et surtout tous les goûts :
Samedi
- 8h00 : départ du trail de 63 km
- 10h00 : départ du trail de 31 km
- 14h15 : départ de la course lutin (700m)
- 14h30 : départ de la course mini (1000m)
- 14h45 : départ de la course poussin (1400m)
- 15h30 : départ du 10 km
Dimanche
- à partir de 8h00 : rando de 11 km
- 9h00 : départ du semi-marathon
- 9h00 : départ du marathon-duo
- 9h00 : départ du marathon


Pour le confort des coureurs, des meneurs d'allure sont à notre disposition pour des objectifs de 3h00, 3h15, 3h30, 3h45, 4h00, 4h15 et 4h30. Le notre est aux alentours des 3h45, le record de Julie étant de 3h56'21'' (temps officiel) et 3h53'03'' (temps réel). Un plaisir de courir pendant tout un marathon aux côtés de sa chérie. Les ravitaillements seront présents tous les 5 km sans oublier le fameux 38ème kilomètre et son ravito gastronomique ! Des animations musicales vont rythmer nos passages aux différents ravitos. Lors du retrait des dossards, nous allons recevoir un tee-shirt et une bouteille de Cheverny. Il faudra devenir finisher pour récupérer une médaille millésimée. Le Graal quoi !



Nous avons quitté Pontault ce samedi en fin de matinée pour prendre la direction de Cheverny. Mais avant d'aller vers le ''village'' de la course installé juste de l'autre côté de l'enceinte de la propriété du Château de Cheverny, nous passons d'abord à l'Hôtel du Château situé à Tour-en-Sologne où nous sommes reçus avec grande amabilité par la propriétaire des lieux. Après nous être appropriés notre chambre (la numéro 9 pour les fans de chiffres !!!), nous nous sommes rendus à ce fameux ''village'' de la course qui ne se trouve qu'à une dizaine de minutes de voiture de notre hôtel.




Les premières courses ont déjà eu lieu ou se courent encore comme le 10 kilomètres route. Nous pouvons voir les premiers et premières franchir la ligne d'arrivée qui sera la même pour les marathoniens. Pour le moment, le temps est malheureusement assez maussade avec une petite pluie fraîche. Mais demain, la météo devrait être plus clémente pour nous. Avant de faire un petit tour dans le ''village'' du marathon, nous allons regarder le listing des inscrits pour confirmer nos dossards numéros 477 et 1055.





Une seule file est constituée pour retirer les fameux sésames qui seront à épingler sur les différents débardeurs, tee-shirts ou coupe-vent. Mais la remise des dossards s'effectue très rapidement. On nous offre également un sac contenant une grande bouteille de Cheverny blanc (ce qui nous en fait donc deux !), sans oublier le tee-shirt technique vert de la course. Une organisation qui a l'air bien huilée ! Nous errons ensuite un peu à travers les différents stands. Nous tentons notre chance en remplissant un bulletin chacun pour gagner des inscriptions au marathon duo de Tours qui aura lieu en septembre. Plus qu'à croiser les doigts !






L'inscription au Marathon de Cheverny fait bénéficier du tarif réduit pour la visite du Château de Cheverny, ainsi que de ses jardins et de l'exposition permanente sur l'univers de Tintin. D'ailleurs cette exposition est vraiment très bien faite pour les gens qui aiment les personnages d'Hergé. Nous avons beaucoup apprécié. Puis nous avons enchaîné avec la visite du château qui a inspiré Hergé pour créer Moulinsart et de ses magnifiques jardins. On y trouve un labyrinthe végétal, des grandes allées bordées d'arbres immenses tels un cèdre du Liban ou un séquoia géant, sans oublier un magnifique ruban de tulipes composé de 150 000 bulbes.


Une belle balade ponctuée par un excellent repas au Boeuf Gourmand à Blois. Je sais que ce n'est pas forcément une assiette spéciale ''marathon'' avec une boisson énergétique, mais qu'est ce que c'était bon ! Un grand merci aux copains de notre club du PAAC pour tous leurs messages d'encouragements. Nous n'avions pas besoin de ça pour être motivés mais ça nous donne un coup de boost supplémentaire. Merci à tous. Une bonne nuit nous sépare maintenant du départ de notre marathon.




Ce matin le réveil sonne à 6 heures 30, ce qui nous laisse suffisamment de temps pour nous préparer tranquillement. C'est une bonne heure plus tard que nous prenons la direction de Cheverny. Pas facile de se stationner mais on finit par se garer au bout de la route de Romorantin. Un petit kilomètre de marche nous amène au village de la course. Lors de cette marche nous rencontrons les frères Dubreucq, Antoine et Ludovic, avec qui nous papotons quelques minutes. Ils font figure de favoris sur ce marathon. Il y a beaucoup de monde aux consignes alors après mûre réflexion, nous décidons de retourner à la voiture pour nous préparer là-bas et y laisser nos effets. Ça évite de se déshabiller longtemps avant le départ. Lorsque nous sommes prêts, nous partons faire notre échauffement en direction de la billetterie du château. La grille est grande ouverte lorsque nous y arrivons, mais les coureurs y passent au compte-gouttes car les bénévoles ne font entrer que les participants dans les jardins. On s'y faufile rapidement avant de nous dépêcher de nous glisser derrière l'arche de départ placée sur la grande allée se trouvant devant le château.



Nous arrivons à bien nous placer. Le temps passe, puis cinq minutes avant le départ qui est prévu à 9h00, le speaker annonce que finalement il est repoussé d'une demi-heure. On n'a pas trop compris le motif, mais surtout ça caillait grave (1 ou 2 degrés) et pas la possibilité de se remettre au chaud. Alors je repars courir deux bons kilomètres avec Julie parmi les longues et belles allées des jardins … sans oublier la pause pipi de circonstance. Nous finissons par nous replacer derrière l'arche de départ. Cette fois-ci le départ devrait être le bon. 


Le coup de pistolet finit par retentir. Nous partons avec le château dans le dos, sur l'allée en gravillons vers la grille nous permettant de sortir du domaine 200 mètres plus loin. Nous tournons immédiatement sur la droite pour prendre la petite route qui longe le mur d'enceinte du domaine. Il y a énormément de monde de chaque côté de la chaussée. Ça descend jusqu'au km 1 avant de remonter. Nous tournons ensuite à droite sur la départementale 52 avec des vignes sur notre gauche et les jardins du château sur la droite. Le paysage est magnifique.


Je me suis placé devant Julie pour imprimer le rythme. Je me sens très bien sauf que j'ai une nouvelle envie de pipi, mais à force de traîner, je ne peux plus m'arrêter car nous entrons dans la localité de Cour-Cheverny. Sa traversée est sympa car il y a beaucoup de monde aussi par ici pour tous nous encourager. La rue tourne sur la droite une première fois. Beaucoup plus loin, nous tournons à nouveau à droite avenue du château. Nous passons entre l'église Saint-Etienne de Cheverny et l'accès principal au château et de son domaine. Nous arrivons sur un rond-point avec à gauche l'arche d'arrivée que nous devrons passer à l'issue des trois tours différents du parcours, à droite la départementale 102 et en face l'allée du Chêne des Dames. Nous prenons tout droit. Ce rond-point est synonyme de fin de petite boucle. Nous voilà donc parti pour la grande boucle. Cette allée du Chêne des Dames est longue de 2,6 kilomètres. C'est certes une allée, mais elle est bitumée. Je m'arrête une trentaine de secondes pour satisfaire à mon besoin naturel, puis je reprends ma route rapidement pour revenir sur Julie qui est calée pour le moment sur le rythme du meneur d'allure de 3h30.


Je reviens sur elle dans la première partie montante de cet axe avant de reprendre ma place. La fin de cette ligne droite est également en légère montée. Lorsque nous tournons à droite, nous avons déjà parcouru 7 kilomètres. Nous sommes sur un chemin de terre sous les arbres.


Julie qui avait bien froid avant la course, enlève maintenant son coupe-vent pour faire apparaître le tee-shirt vert de la course. Rapidement, nous trouvons un tronçon descendant, mais au bout il faut faire un petit effort pour grimper un monticule et tourner à gauche. Nous y sommes accueillis par un bénévole nous souhaitant la bienvenue au km 8 ! Nous bifurquons à droite sur le chemin de l'Archanger où nous retrouvons du bitume. Un peu avant le km 9,5, nous tournons à droite sur la très large départementale 102. Alors que Julie est toujours bien derrière moi, j'en profite pour discuter pendant quelques centaines de mètres avec les coureurs qui nous entourent.


Puis passage devant un groupe de musiciens bretons et nous voilà au second ravitaillement. Pour le moment Julie ne s'arrête à aucun ravito et son allure est belle. Nous tournons à gauche chemin de la Levraudière. Il est beaucoup plus étroit que la route précédente. Au km 11, Julie me dit de lever un peu le pied pour ne pas payer plus tard notre vitesse actuelle. Nous sommes en pleine campagne avec quelques habitations ça et là. Malgré ça les kilomètres défilent bien. Quelques virages plus loin, nous nous retrouvons sur une chaussée plutôt en mauvais état avec une partie recouverte de gros cailloux. Le km 13 est franchi. Un peu plus loin nous coupons la départementale 52 en effectuant un rapide gauche-droite, puis nous prenons la direction du chais Terra Laura du domaine de Montcy.


Pour y accéder, nous devons courir dans du gravier bien mou puis nous entrons dans ce bâtiment très sombre. Nous en ressortons par l'autre côté en retrouvant un chemin de terre. Le km 14 est déjà balisé mais il s'agit d'un problème car ce n'est que dans 250 mètres qu'il devrait l'être. Nous poursuivons en tournant à gauche sur une route bitumée.



Il y a également quelques habitations par ici. Julie semble sereine et à plusieurs reprises je lui demande si ça va. Ce qui est le cas pour nous deux. La température ne cesse d'augmenter, le vent est quasiment inexistant. On est bien, même très bien, pour courir. Nous nous retrouvons avec un bois sur notre droite et encore quelques vignes sur la gauche. Va falloir qu'on goûte le Cheverny blanc offert lors de l'inscription quand nous rentrerons en région parisienne !


Nous devons ensuite tourner à gauche. A cette intersection se trouve une maison grande ouverte avec une mamie bien ancienne assise à la porte qui encourage les coureurs. Nous poursuivons en prenant une étroite rue coupée en son milieu par des cônes de Lubeck. En effet, un peu plus loin nous négocions un virage à 180 degrés autour d'un fût pour revenir sur nos pas. Mais nous ne retournons par jusqu'à la maison de la mamie. Nous tournons avant à gauche et nous nous arrêtons pour la première fois de la course afin de remplir la petite bouteille de Julie à ce ravitaillement. Nous reprenons assez rapidement notre chemin par la voie de la rue Colin. Il y a des pâturages de part et d'autres de cette route. Ce qui est sympa sur ce parcours c'est que le paysage ne cesse de changer au fil des kilomètres.


Au km 16, nous tournons à droite pour prendre la route de Cormeray avec deux beaux chevaux sur notre droite qui se mettent à courir au passage des coureurs. C'est large à cet endroit. Un peu plus loin, virage à gauche pour emprunter l'étroit chemin de Letarge qui serpente le long de quelques mares. Ça descend un peu mais ça remonte presque aussitôt.



Nous retrouvons des champs de chaque côté de ce chemin, puis nous tournons à droite où ça descend un peu avant de nous retrouver en sous-bois. A partir de ce moment là je commence à avoir de vives nausées. Il faut savoir que je suis bien malade depuis maintenant deux semaines. Ça s'était calmé mais depuis 2-3 jours c'est reparti de plus belle. A chaque pas que je fais, j'ai l'impression que je ne vais pas pouvoir me retenir de renvoyer mais je préfère taire ce ''léger'' soucis technique pour ne pas inquiéter Julie. Je suis là pour la soutenir, pas pour la faire stresser. Nous passons dans la cour d'un producteur de vin, le Domaine du Petit Chambord, avant de retrouver la route de l'Aumône. Au km 19, Julie me signale qu'elle doit marcher un peu. Un manque de sucre se fait ressentir. Une demi pâte de fruit et nous reprenons notre route. 400 mètres plus loin, nous pénétrons dans le domaine du Château de Cheverny en empruntant la chemin des Noues bordé d'immenses arbres. C'est très roulant et même descendant un peu plus loin. Une fois en bas, nous apercevons sur notre gauche l'arche pour les coureurs effectuant ce marathon en duo. C'est à cet endroit que le changement de relayeur s'effectue. Nous poursuivons tout droit où ça commence à remonter mais comme le ravitaillement se trouve à cet endroit, je dis à Julie de s'arrêter pour manger et boire un petit quelque chose tout en marchant.


Après nous être remis à courir, j'accélère seul pour me placer devant le château et attendre le passage de Julie, histoire d'essayer de faire une jolie photo souvenir de cette course. Je me remets à courir pour me mettre à ses côtés. Nous sommes dans l'allée de la première ligne droite de la course. Nous ressortons par la même grille qu'au tout début, mais au lieu de tourner à droite, nous le faisons par la gauche avec un passage sous l'arche indiquant le km 42. Ce n'est pas pour tout de suite ! Nous remontons jusqu'au rond-point avant de tourner à droite allée du Chênes des Dames. Nous passons au semi-marathon en 1h48'07''. C'est parti pour la très grande boucle. Je ne cesse d'avoir envie de vomir mais je reste toujours devant Julie comme si de rien n'était. Cette longue ligne droite nous conduit jusqu'au km 24 qui se trouve une centaine de mètres après avoir tourné sur la droite. Nous sommes maintenant sur un chemin de terre avec le petit promontoire à grimper tout au bout. Je regarde régulièrement si Julie est toujours bien derrière moi, ce qui est le cas. Nous avons décidé de réduire notre allure depuis le début de cette dernière boucle pour tenir le plus longtemps possible. Plus loin, nous sommes sur la très large départementale 102 avec le ravitaillement du km 27. Nous nous remontons le moral en nous disant qu'il ne reste plus que 3 x 5 kilomètres à faire et qu'on peut s'octroyer un peu de marche à chacun des ravitaillements restants. Je me concentre au mieux pour ne pas renvoyer mais ça devient pratiquement impossible. Après le km 30, nous passons à l'intérieur du bâtiment Terra Laura. Moins de 12 kilomètres à effectuer ! Nous retrouvons la mamie toujours à sa porte de maison pour encourager les coureurs. Nous effectuons le virage à 180 degrés sur cette étroite rue coupée en deux avant de nous arrêter au ravito du km 32. C'est très compliqué pour moi de repartir mais je le fais quand même. J'ai une seule envie : me plier en deux. C'est au km 33 que j'avoue à ma chérie ma grande difficulté et que je veux qu'elle finisse seule alors qu'elle souhaite m'attendre.

Je laisse Julie poursuivre la narration du reste de sa course :

33e km. Jeff, en proie à des nausées de plus en plus pénibles depuis quelques temps, se sent désormais trop mal pour continuer à mes côtés, malgré le rythme assez aisé pour lui. Il décide de faire une pause pour se soulager. Je veux l'attendre mais il refuse et me demande de poursuivre sans lui, de peur de trop pénaliser mon chrono... C'est donc seule et assez inquiète que je reprends ma route. La petite halte que nous venons de faire m'a permis de me détendre un peu et je repars déterminée à boucler ces fichus 42,195 km malgré les douleurs musculaires aux cuisses qui me freinent depuis... le semi-marathon ! Partie trop vite sur les 15 premiers km avec de bonnes sensations, j'en ai payé le prix à la fin du premier semi qui fut difficile jusqu'à ce qu'une pâte de fruit me redonne un peu de jus.
Il ne me reste donc maintenant « plus que » 9 km à parcourir. Je me retourne pour voir si Jeff me suit mais rapidement je ne le distingue plus. J'espère qu'il ne va pas défaillir !
Depuis le km 27 nous segmentons les étapes à venir en « petits footings de 5 km ». Il ne m'en reste donc plus que deux. Qu'ils vont être longs et laborieux ! J'attends avec impatience le ravitaillement du 37e km qui signifiera à la fois hydratation, repos temporaire et surtout... plus que 5 km à parcourir ! Je dis bien « parcourir » et non « courir » car désormais j'alterne course allure footing et marche pour reposer mes gambettes endolories. Il faut bien avouer que dans ces conditions le plaisir n'est plus vraiment là. Mais tant qu'il n'y a pas de blessure ou de malaise il faut se pousser pour aller jusqu'au bout. Quand les jambes ont mal, le mental prend le relais. Je jette un œil à ma montre : grâce à l'avance prise sur le premier semi, même en me traînant je devrais arriver à finir avant la barre fatidique des 3h53, mon précédent chrono sur la mythique distance, réalisé en novembre dernier à La Rochelle pour mon 1er marathon. Si j'ai raté l'objectif que je m'étais fixé pour aujourd'hui (à savoir passer sous la barre des 3h45), tout n'est pas encore perdu ! Il faut tenir bon.
Comme lors de la 1e boucle, nous arpentons la jolie campagne qui entoure Cheverny, sous un beau soleil de plus en plus chaud (alors qu'il faisait seulement 1° ce matin au moment du départ!) : champs, prés, bois, fermes, grandes maisons solognotes fort bien entretenues et... domaines viticoles. Nous en traversons d'ailleurs quelques-uns qui proposent au passage des dégustations. Bizarrement je m'oriente davantage vers le Coca et l'eau offerts aux ravitos...
Dès que le parcours dessine des boucles (parfois plutôt carrées) je scrute mes poursuivants à la recherche de l'homme à la casquette et au maillot rouge, mais hélas point de Jeff à l'horizon. J'espère qu'il va bien quand même.
Peu avant le 37e km se présente le dernier véritable point de ravitaillement dans le Domaine du Portail. Un verre de Coca à la main, je marche quelques mètres avant de reprendre ma route laborieusement. Nous entamons désormais une petite « boucle » inédite, dernière étape avant le final dans le centre de Cheverny. C'est paisible et bucolique, nous croisons chevaux, poules et dindons qui font les beaux. A ce stade de la course les coureurs sont davantage disséminés et beaucoup de ceux qui m'entourent traînent les pattes, marchent ou sont en proie à des crampes. Et dire que nous nous sommes volontairement engagés dans cette galère et qu'en plus nous avons payé pour ! Lol
Les meneurs d'allure 3h45 m'ont rattrapée et je n'ai pas réussi à les accrocher. Mon objectif s'envole mais tant pis, l'essentiel est désormais de terminer.
J'ai vraiment mal géré ma course et je découvre ainsi ce que signifie « être dans le dur » sur de nombreux kilomètres, sans toutefois rencontrer de véritable « mur » du marathon. Je poursuis tant bien que mal. Je me retrouve à hauteur d'une autre coureuse, visiblement en souffrance, mais qui tient bon. Nous nous encourageons mutuellement. En fait elle court plus doucement que moi mais de façon continue alors que je m'arrête de temps en temps pour marcher un peu et/ou boire... avant de la rattraper à chaque fois. Au final elle terminera 40 secondes derrière moi.
Juste avant la borne kilométrique du 40e km se trouve un stand d'épongeage. Je m'y arrête brièvement pour me rincer les mains et la bouche pendant qu'un des bénévoles remplit ma bouteille d'eau. Et ça repart. Plus que 2,195 km ! Je retrouve ma camarade de galère, nous courons un peu ensemble. Ce qui nous reste à parcourir est infime au regard de ce que nous avons déjà fait, pourtant cela nous semble interminable. Je la lâche finalement peu avant le 41e km où un autre coureur vient me tenir compagnie. Encore un bout d'un chemin forestier et au fond à gauche se profile la route qui longe le domaine du château de Cheverny : la délivrance approche !
Le public se densifie nettement et les clameurs nous accompagnent pour ces dernières centaines de mètres. Des inconnus m'encouragent chaudement, cela me pousse jusqu'à la ligne d'arrivée que je franchis alors en 3h50'43. Piouuu, qu'est-ce que ça fait du bien quand ça s'arrête ! Lol
Quelques mètres plus loin une bénévole me passe la médaille de finisher autour du cou.
Je me retourne mais pas de Jeff en vue pour le moment. Je regarde mon téléphone : pas de message alarmant, tant mieux. Je marche un peu, fais une petite pause à l'ombre d'un barnum puis retourne vers la ligne d'arrivée. Je lui envoie quelques messages d'encouragement mais j'ignore totalement où il peut en être. Un peu plus de 9 minutes plus tard il me rejoint en trombe, pile à temps pour terminer sous la barre des 4h ! Une fin de course épique avec un goût assez amer pour lui comme pour moi... peut largement mieux faire la prochaine fois !

Je reprends le fil de ma course depuis que j'ai laissé Julie partir seule :

Dès qu'elle part après ce 33ème kilomètre, je commence à me ''libérer'' et c'est la grande galère. Rapidement je ne peux plus courir car les vomissement reviennent sans cesse. Les meneurs d'allure de 3h45, puis ceux de 4h00 me doublent. Je suis passé au ravitaillement ''gastronomique'' sans en profiter malheureusement. Les meneurs d'allure de 4h15 se rapprochent de moi. Je regarde mon Gps et je peux observer que ma vitesse de marche est très faible avec des passages à 12 voire 13 minutes/km. Moi qui courait à 5'20'' avec Julie, je perds 6 à 7 minutes par kilomètre, un truc de fou. Au km 38, je tente de courir mais une crampe fait mine d'arriver alors je stoppe aussitôt. Une centaine de mètres plus loin, j'essaye à nouveau et ça va mieux. Je cours lentement puis mon rythme s'élève de plus en plus. Je commence à remonter de très nombreux coureurs. Les trois derniers kilomètres sont couverts à une allure de fou avec des sensations revenues de je ne sais où. 4'04'', 4'05'', 4'03'' au kilo. Pratiquement 15 km/h en fin de marathon. Sous l'arche du km 42, je suis même revenu sur les talons du second meneur d'allure de 4h00 que je finis par doubler avant de franchir l'arche d'arrivée en 3h59'52'' (3h59'44' temps réel).


Inespéré de passer sous cette barre des 4h alors que mon allure lors de mes nombreux vomissements devait m'amener ici en 4h16 (prévision Gps). Je suis le dernier coureur à franchir la ligne d'arrivée en passant sous cette barre. Ma chérie m'attendait juste derrière cette ligne. La première chose que je lui demande c'est : ''Ton record ???'' Ouf, même si elle est déçue elle a fait 3h50'43'' (3h50'35'' temps réel) , record personnel ! On nous remet une jolie médaille commémorative de la course. Même si je suis dégoûté de l'avoir laissée seule à cause de ma maladie, ça me réconforte de savoir que je n'ai pas tout gâché. Ça ira mieux lors de notre prochain marathon qui aura lieu à Valence en Espagne en fin d'année.




Julie va faire une petite récupération sur les vélos d'appartement qui sont mis à notre disposition, puis nous passons au ravitaillement surtout pour bien nous hydrater. Nous allons nous asseoir quelques minutes sous une tente pour récupérer de nos 42,195 kilomètres. En fait, je ne me sens pas du tout fatigué. Je pense que mon finish est la preuve que physiquement j'étais très bien aujourd'hui.






Nous nous amusons à faire quelques clichés photographiques rigolos, sympas et c'est vraiment trop bien de courir en amoureux. La même passion au sein d'un couple est une chose tellement belle à vivre et pratique. J'adore courir avec ma Julie que j'aime.


En ce qui concerne les frères Dubreucq, Antoine a remporté le marathon en 2h24'. Il devance au classement son frère Ludovic de 14 minutes. 1 et 2 pour les Dubreucq. La Somme et notamment le club de l'Amical du Val de Somme était bien représentée.



Nous allons jeter un coup d’œil aux résultats déjà affichés qui confirment nos chronos. Nous devons ensuite retourner à pied jusqu'à la voiture avant de rentrer à l'hôtel où notre chambre nous attend pour prendre une bonne douche bien réparatrice. Nous quittons le Loir-et-Cher pour rentrer chez nous. Un grand merci à nos amis, ainsi qu'à mon frère pour les messages d'encouragement !

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