Nous voilà à ma semaine préférée
de course à pied avec pour moi l'inévitable Marseille-Cassis,
course toujours classée parmi les 50 plus belles courses au monde
par l'IAAF, la Fédération Internationale d'Athlétisme. C'est vrai
que ce parcours hors du commun avec un départ en face du Nouveau Stade
Vélodrome à Marseille, suivi d'une montée de plus en plus pentue
pendant 10 kilomètres puis une descente vertigineuse vers le petit
port de Cassis avec une arrivée les pieds dans la Méditerranée,
sans oublier le paysage merveilleux qui nous donne un spectacle sans
nom, font que cette course est à part. J'ai ai fait un paquet à
travers la France et elle est ma préférée. Ce dimanche va être ma
8ème participation à un Marseille-Cassis consécutif.
Nous arrivons sur Marseille hier samedi
tôt le matin. Première chose à faire : se rendre au Parc
Chanot qui se trouve juste à côté du Nouveau Stade Vélodrome,
pour aller retirer mon dossard au Palais de l'Europe. Il y a quelques
jours, quand j'ai imprimé mon bon afin de retirer mon dossard, je me
suis rendu compte que j'avais oublié d'envoyer mon justificatif de
niveau permettant d'avoir un sas préférentiel. Je voulais celui du
moins de 1h30'. Et comme la date butoir était le 1er septembre,
alors je vais devoir m'élancer dans la masse des coureurs. Et c'est
un gros désavantage car il faut s'installer plus d'une heure avant
le départ dans le sas pour espérer être relativement bien placé
et sans la moindre possibilité de faire d'échauffement. Alors qu'un
sas préférentiel, nous parque dans un coin de rue avec de belles
lignes droites permettant un véritable échauffement et aussi une
entrée dans le sas lui-même au dernier moment. Mais bon, je n'ai
pas été attentif, alors c'est le jeu.
Je passe donc à l'immense stand des
retraits de dossards où 15000 coureurs vont devoir passer pour
participer à la course. Quand moi j'y suis, il n'y a presque
personne car il est bien tôt encore. Une fois mon dossard 2303 en
poche, je vais voir une responsable de l'organisation pour tenter
gentiment de décrocher un sas, mais elle m'explique que ce n'est
plus possible. Alors tant pis. Puis passage au stand du retrait du
tee-shirt technique souvenir de la course, et pour finir je passe au
stand KMS, qui est le chronométreur de la course, afin de vérifier
que ma puce est bien activée, ce qui est le cas, car mon nom
apparaît sur l'écran.
Je fais ensuite un tour dans le village
de la course où de nombreux stands sont présents afin de vendre
leurs articles de sports ou pour présenter des courses. Je flâne
pas mal de temps dans les allées de ce village. Ça sent déjà le
départ de la course. On est plongé dans cette ambiance que seuls
les coureurs connaissent avant le départ d'une grande épreuve. Un
mélange d'envie, d'excitation, de joie, et aussi peut-être un peu
de crainte.
Puis, avant d'aller à Cassis, où je
vais passer mon samedi, je profite de la proximité du Nouveau Stade
Vélodrome pour aller y faire un tour. On ne peut pas entrer à
l'intérieur mais il n'y a pas de problème pour en faire le tour sur
le parvis. En ce qui concerne l'accès intérieur, ça sera pour
demain matin, car pour aller dans les sas de départ, on va devoir
traverser ce stade au niveau de la pelouse. C'est toujours un bon
moment, surtout pour les supporters Marseillais comme moi !
Maintenant, je prends la direction de Cassis pour m'installer. Je
prends la route du Col de la Gineste, ainsi que du Plateau de
Carpiagne où on fait une petite halte, histoire de s'imprégner
encore un peu plus du parcours de demain, et je finis par arriver à
Cassis. Dans l'après-midi je vais faire une énorme erreur de
débutant. En effet, on va aller marcher deux heures dans cette
petite ville de Cassis qui est toute en montées, et comme il faisait
chaud, j'ai mis directement les chaussures sans chaussettes, ce qui a
provoqué de jolies inflammations derrière les talons. Et maintenant
je ne supporte plus le port des chaussures !!!
Ce matin, le réveil sonne à 6 heures
15, mais on a profité du changement d'heure pour dormir un heure de
plus. Ce qui n'est pas négligeable du tout. J'ai beaucoup de mal à
enfiler mes chaussures à cause d'hier après-midi, puis je vérifie
que je n'ai rien oublié dans mon paquetage avant de prendre la
navette qui est juste à 200 mètres de l'endroit où je suis. Le bus
nous conduit sur Marseille, où un peu de marche nous attend pour
arriver au niveau de l'arrière du Nouveau Stade Vélodrome.
Nous pénétrons dans l'enceinte de ce
stade et les toilettes sont pris d'assaut. J'arrive sur la pelouse du
Stade Vélodrome. C'est un merveilleux édifice. Je ne vois pas un
coureur passer sans prendre la moindre photo ! Je reçois un
coup de téléphone de mon ami Bernard, qui ne va pas tarder à
arriver lui aussi. Je l'attends donc au niveau de la pelouse, puis
une fois là, nous poursuivons notre cheminement vers le départ.
Sur le Boulevard Michelet, nous
arrivons d'abord aux camions-vestiaires, qui vont rapatrier nos
affaires sur Cassis afin de pouvoir les récupérer après notre
course. Alors nous nous préparons. Je mets des Compeed derrière les
talons en espérant ne pas souffrir surtout dans la très très
longue ascension. Il ne fait pas froid et j'hésite à prendre le
grand sac poubelle dans lequel je me glisserai afin de conserver ma
chaleur. Je le prends quand même au cas où. Nous déposons les
sacs, puis direction les sas.
Une fois dans le sas j'entends derrière
moi ''Allez MEGA''. Il s'agit de Christelle et de Marc, tous deux du
club de Bussy-Saint-Georges, donc club voisin au mien. Je ne les
connaissais pas mais ils sont très bons amis à Virginia, une membre
de mon club de MEGA. Ils sont très sympas et on va tous les quatre
patienter ensemble pendant … 1 heure 10 ! C'est un peu rageant
de voir les coureurs des sas préférentiels s'entraîner le long de
notre sas ! J'ai finalement mis le sac poubelle pour plus de
conforme thermique.
Ça va, le temps passe quand même vite
et à 9 heures 30 le coup de pistolet du starter se fait entendre.
Mais on ne bouge pas. Il y a tellement de monde que l'on met pas mal
de temps à commencer à marcher. On rejoint la ligne de départ …
en marchant lentement et une fois sous l'arche j'arrive enfin à
trottiner tout doucement. J'essaye de me glisser sur la droite de la
chaussée, le long des barrières, mais c'est l'enfer. Les meneurs
d'allure des 1h30 sont hors de vue tellement ils sont loin, et ceux
des 1h45 sont également loin devant moi. J'accélère, je ralentis, je
slalome, je galère quoi ! Puis les barrières disparaissent et
je peux prendre la contre-allée. J'arrive enfin à prendre un rythme
meilleur malgré le faux plat montant qui marque le début de
l'ascension. Je quitte la contre-allée pour retrouver l'axe
principal du Boulevard Michelet. Le bitume est noir de coureurs et
les trottoirs sont noirs de spectateurs. Presque deux kilomètres
déjà d'effectués quand j'arrive à l'Obélisque tout en haut du
Boulevard Michelet.
Nous prenons légèrement sur la gauche
sur l'Avenue De Lattre de Tassigny en direction de Luminy. Toujours
du faux-plat montant, mais quand on arrive au niveau du Centre
Commercial Casino, là ça monte vraiment franchement. Les organismes
commencent déjà à être fatigués après 3 kilomètres de course.
En ce qui me concerne, je n'arrive pas du tout à trouver la moindre
bonne sensation depuis le départ. Je cours très tendu en essayant
de ne pas penser à mes pieds mais je n'y arrive pas. J'ai
l'impression d'être en surrégime alors que je suis loin de ma
cadence voulue. Mais j'ai quand même réussi à reprendre et à
doubler les meneurs d'allure de moins de 1h45. C'est déjà ça !
Nous passons sous un pont où il y a également énormément de monde
dessus chantant et criant. Un groupe de musique est placé en dessous
sur la droite.
Un peu de répit en retrouvant un faux plat montant
pendant plusieurs centaines de mètres. Puis, au rond-point, nous
tournons à gauche direction Vaufrèges et ça recommence à bien
monter. Les kilomètres sont indiqués à rebours et nous passons
au km 15. Premier ravitaillement. C'est un peu la cohue alors
j'attends la fin du long stand pour prendre une petite bouteille
d'eau, ainsi qu'un gobelet d'eau au sirop. Ça continue à bien
monter dans Vaufrèges.
Tout au bout, on arrive dans un grand
virage à l'aveugle sur la droite et là, ça ne monte plus beaucoup,
ça monte super beaucoup ! La vraie ascension du Col de la
Gineste est en marche. Il n'y a plus la moindre maison et très
rapidement on peut voir en contre-bas le serpent des coureurs qui se
trouvent encore à Vaufrèges. En très peu de temps, on a gagné beaucoup d'altitude. Je n'arrive pas à me rapprocher des meneurs
d'allure des 1h30. Je les aperçois au détour des lacets et je perds
confiance en moi en levant le pied. Pas de moral aujourd'hui. Je
continue à monter et je profite du paysage qui est vraiment
merveilleux. Il y a quelques courageux qui sont montés pour nous
encouragés. Ça fait beaucoup de bien. Et le fait que nos prénoms
soient inscrits sur les dossards, ça permet de recevoir des
encouragements personnalisés. Les kilomètres défilent … à basse
allure. Que ça monte ! Par moment ça va mieux, mais ça ne
reste qu'éphémère. Je finis par arriver tout en haut de ce Col de
la Gineste où il a a beaucoup de spectateurs.
Je prends la même stratégie pour ce
nouveau ravitaillement en attendant la fin du stand qui est déserté
des coureurs. Puis je me lance dans la descente qui va d'abord ne
durer qu'un kilomètre. Je ne la fais pas comme un fou car le
changement de rythme après avoir plafonné pendant longtemps dans
une grosse ascension, m'a déjà joué de mauvais tours avec
l'apparition de crampes. Je descends donc vite mais raisonnablement.
D'ailleurs je double des coureurs arrêtés et perclus de crampes. Je
retrouve un peu de plat puis même une remontée, mais elle passe
bien. Vu que mon objectif est complètement fichu, je cours beaucoup
plus décontracté et c'est sans doute pour ça que la côte à cet
endroit est bien avalée. Ensuite nous sommes dans un long faux-plat
descendant qui nous amène sur le Plateau de Carpiagne. Pour ceux qui
ne connaissent pas, Carpiagne est un camp militaire. Le paysage est
désertique mais beau. Au km 7 (donc plus que sept kilomètres à
effectuer) se trouve le troisième ravitaillement. Encore et toujours
la même stratégie.
C'est plat à cet endroit, puis nous
remontons un petit peu quand on arrive à un hôtel restaurant, le
seul bâtiment présent depuis le pied de la montée de la Gineste
jusqu'à l'entrée de Cassis ! Km 6. Un petit effort pour
arriver en haut de cette petite montée et une fois que j'y suis, un
nouveau spectacle merveilleux s'offre à nous. Cassis tout au bout et
tout en bas ! Nous entamons une descente vertigineuse. Là, les
kilomètres passent beaucoup plus rapidement. On arrive au niveau des
premiers bâtiments construits sur les hauteurs directement dans la
roche.
Les virages sont difficiles à prendre
dans cette descente car c'est vraiment très raide. Mais je ne vais
pas me plaindre car c'est quand même plus facile en descendant que
pendant l'ascension de tout à l'heure ! Plus on descend, et
plus il y a de spectateurs qui crient, qui nous encouragent, qui
brandissent des drapeaux ou des panneaux du style ''allez papa'',
''allez vous êtes les meilleurs'', … Mine de rien la descente me
fatigue quand même. Je sens que le dessus des cuisses travaille
beaucoup. Les virages sont de plus en plus rapprochés et je passe à
côté du panneau indiquant l'entrée dans Cassis. On retrouve la
foule immense et compacte du début de course sur les trottoirs. Les
groupes de musique sont aussi présents. Je suis sur du plat et il ne
reste plus que 3 kilomètres de course à faire dans Cassis. Nous
tournons à droite avec un petit faux plat montant et un autre
ravitaillement mais cette fois-ci je ne m'en soucis pas. Puis ça
descend un peu avant de retrouver du plat. Je tourne sur ma gauche
pour une descente à nouveau vertigineuse. Encore des crampes pour
des coureurs.
J'arrive tout en bas de cette jolie et
assez longue descente, puis nous tournons à droite pour la dernière
grosse difficulté du parcours : La côte des Pompiers !
Vue comme ça elle ne paraît pas si terrible, mais après une longue
descente depuis le Col de la Gineste et devoir retrouver une position
complètement différente avec des muscles fatigués, ça change
tout. Je ne la monte pas à fond, je préfère la monter en gérant
tranquillement. Les gens savent très bien que c'est un endroit
redouté par les coureurs car il y a autant de monde ici qu'à
l'entrée de Cassis ou qu'au départ. Puis je bascule dans la
descente qui est raide. Nous tournons sur la gauche avec un peu de
plat avant de redescendre sur la droite. Je me laisse emmener dans le
pourcentage de la descente. Il y avait moins de monde sur les
trottoirs et d'un coup ça redevient très important. Normal, nous
quittons la route, pour prendre une petite rue étroite qui nous
amène sur le port de Cassis.
Pour comparer l'ambiance à cet
endroit, il faut se rapporter à des Cols du Tour de France.
Habituellement quand j'arrive à cet endroit, j'ai du mal à aller
vite mais comme aujourd'hui je n'ai pas été très bien pendant
toute la course, je peux répondre sans problème aux accélérations
des coureurs qui se trouvent avec moi. On continue à courir sur le
port. On en fait l'intégralité, puis dernier virage sur la droite
avec l'arche d'arrivée tout à bout à côté de la plage. Un
dernier petit effort et je franchis la ligne d'arrivée 1871ème/14500
en 1h33'42''.
Évidemment je suis très loin de ce
que je voulais faire. Mon objectif annoncé était sous les 1h30. Je
ne vais pas trouver d'excuses. J'étais dans un jour sans
aujourd'hui. Mais j'ai quand même la satisfaction d'un huitième
participation et finalement le chrono est loin d'être
catastrophique. Il y en a plein qui aurait aimé l'avoir. Alors
relativisons ! On nous offre une très jolie médaille souvenir
de la course. Puis je prends la direction de la Plage, quand
j'entends Gilles m'appeler. C'est un copain qui fait parti du club du
PAAC, club ami au mien et il a participé cette année à sa première
édition de Marseille-Cassis. Il aura fait un excellent chrono en
terminant 181ème/14500 en 1h18'16''.
On discute un peu puis je vais vers la
mer. Je tombe par hasard sur Rémi Migliore, du club de l'UA
Villenoy. Il est originaire de Cassis et il aura fait un sacré
numéro en terminant 85ème/14500 en 1h14'11''. Je n'ai réussi à voir un autre représentant de la Seine-et-Marne, Franck Léger de l'AS Chelles qui a terminé 68ème/14500 en 1h12'14''.
J'enlève mes chaussures, mes
chaussettes, mes boosters, et je file dans la Méditerranée. Au
début l'eau paraît bien fraîche mais une fois dedans que ça fait
du bien aux jambes. C'est bon pour la récupération ! J'y reste
de longues minutes. Bernard me rejoint. Il a terminé 8043ème/14500 en 1h54'53''. Puis il faut refaire de la marche avec une montée pour
rejoindre le parking de la Madie et les camions-vestiaires. En cours
de route on retrouve Christelle et Marc qui ont terminé respectivement 9890ème/14500 en 2h00'55'' et 3596ème/14500 en 1h40'44''.
Je reprends mon paquetage au camion, et
je change mon haut pour mettre du sec. C'est ensuite le moment de
remonter tout Cassis pour retrouver la voiture. C'est une sorte de
nouvelle épreuve qui se profile pour nous. On finit par y arriver et
que c'est bon de s'asseoir dans la voiture ! Mais
malheureusement il va être le moment de reprendre la route pour la
région parisienne car après ma semaine de vacances qui avait débuté
avec quelques jours à Center Parcs, il est maintenant l'heure de
retrouver la triste réalité parisienne !