Championnat du Monde d'Athlétisme Masters : Cross-country (69)

Mardi 4 août 2015


Il y a quelques mois, j'avais reçu la validation de mon inscription aux Championnats du Monde Vétérans par la Fédération Française d'Athlétisme. Il s'agit des 21èmes Championnats du Monde et c'est surtout la première fois qu'ils se déroulent en France, et plus particulièrement à Lyon. Donc l'occasion était trop belle. J'ai regardé le programme et malheureusement il n'y a pas de 10 kilomètres route (sauf pour les marcheurs). Alors je me suis lancé sur le cross-country, long de 8 kilomètres et également sur la distance du semi-marathon qui aura lieu le jour de clôture de ces Championnats du Monde, donc le 16 août. Comme ça je fais l'ouverture avec le cross-country le 4 août et la clôture avec le semi-marathon.




Je suis arrivé hier en fin de matinée sur Lyon. Il fallait tout d'abord se rendre au CIT (Centre d'Informations Techniques) qui est installé à la Halle Stéphane Diagana qui se trouve Rue Victor Schoelcher afin de retirer les dossards ainsi que les accréditations qui permettent d'entrer dans tous les lieux de compétitions. Quatre sites vont accueillir les différentes épreuves : le Stade Balmont, le Stade Duboeuf, le Stade Gérin et le stade du Rhône. Mes deux épreuves vont se courir au Stade du Rhône qui se trouve sur la commune de Vénissieux.



Un petit tour dans la Halle Stéphane Diagana et l'organisation est vraiment bien faite car on trouve tout de suite ce qu'on cherche sans se perdre. Ce qui frappe le plus, c'est le nombre de langues qu'on entend parler autour de nous. Plus de 8000 athlètes sont inscrits pour représenter une centaine de nations. Ce sont des minis JO ! Une fois mes dossards et accréditations en poche, on retrouve un pote, Thibault, qui est trop jeune pour participer à ces Championnats du Monde mais qui va faire partager son talent. En effet, il va officier comme masseur-kiné ! Il est clair qu'il va y avoir plus d'une paire de mollets qui va lui passer entre les doigts durant les 13 jours de compétitions ! Pour le moment il est seul, mais sa ptite femme Kelly va également rejoindre la cité Lyonnaise dans les jours à venir !




Puis, nous allons faire une petite balade dans le très beau Parc de la Tête d'Or après y avoir pique-niquer. C'est un grand parc, le tour complet fait environ 4 kilomètres, ce qui fait la joie des nombreux joggers. Mais pour le moment il y en a pas des masses car il fait tout de même 36 degrés. La particularité de ce Parc est qu'il abrite un Jardin Zoologique avec pas mal d'espèces différentes : Pandas Roux, Lions, Singes, Daims, Tortues, Girafes, Crocodiles... Puis une fois bien digéré et la balade terminée, on reprend la route direction Civrieux d'Azergues où des amis vont nous accueillir le temps de notre séjour lyonnais. Le soir un petit footing de 8 kilomètres, histoire de se mettre un peu en jambes pour ma première épreuve.









L'épreuve du jour est donc le cross-country. Il est long de 8 kilomètres et est composé de la ligne droite du départ, puis 4 boucles identiques et pour finir deux grandes lignes droites jusqu'à l'arrivée. J'appréhende vraiment. Je sais que je vais devoir y aller à fond pour ne pas terminer derniers ou dans les dernières places. C'est stressant, mais le fait d'arriver vers 8h45, en sachant que le départ est prévu à 11h30, ça me laisse beaucoup de temps, et on fait la boucle complète en marchant sur le parcours. Je suis quand même rassuré. Puis on va dire bonjour à Thibault qui est arrivé bien plus tôt pour s'occuper des petits bobos des coureurs.



Je vais ensuite me changer à la voiture. On a trouvé une place de stationnement bien proche. C'est pratique. Ça me fait drôle, car depuis les 3 ans où je suis sociétaire du club de Marne-et-Gondoire Athlétisme, j'ai couru 185 courses, toutes en portant ce maillot bariolé que j'aime beaucoup. Là j'enfile le maillot de la France. Mais je vais quand même courir pour représenter également mon club de MEGA. Puis je me dirige à l'arrière du Stade du Rhône, au niveau de la plaine, où se trouvent pas mal d'ateliers prévus pour les entraînements ou les échauffements des coureurs. C'est bien équipé ! Je fais mon échauffement autour d'une piste d'athlétisme puis je le poursuis dans les herbes pour me familiariser un peu au sol inégal. Un peu plus de 2 kilomètres d'échauffement pour que mon tendon d'Achille droit soit moins douloureux et je me dirige comme la plupart des concurrents vers l'arche de départ qui est placée tout au bout de la plaine.








Des maillots qui viennent de partout : Russie, Etats-Unis, Colombie, Argentine, Pérou, Maldives, Afrique du Sud, Grande-Bretagne, Allemagne, Italie, Espagne, Brésil, République Tchèque, … Des dizaines et des dizaines de pays représentés rien que sur cette course. On doit attendre quelques minutes avant d'entrer dans le sas de départ et lors de cette attente, je suis entouré de Néerlandais. Je me sens tout petit à côté d'eux. Je vois un coureur des USA en train de faire un échauffement de fou, un autre de l'Espagne faire des lignes droites que même pas dans mes rêves lors d'un sprint, je serais capable de faire ! Je sens que je vais vraiment souffrir, mais d'un côté quel bonheur d'être ici et de représenter la France lors de ces Championnats du Monde Vétérans.




Puis nous sommes invités à pénétrer dans le sas. La ligne de départ est comme la plupart des cross : très longue. Ça permet d'étirer le peloton pour qu'il n'y ait pas de coureurs loin derrière. On est tous pratiquement sur la ligne. Quelques uns, se trouvent en second rideau, mais vraiment très très peu. Moi je me suis mis sur le côté le plus à gauche entre un Français et un Russe. On discute un peu avec le Français, puis le starter nous montre que le départ est très proche. Il prend en main le pistolet.



Et le coup de feu se feu entendre. Je suis débordé par tout ce monde. Ça part vraiment vite, mais je ne tiendrais jamais le coup à ce niveau là ! Je ne veux pas regarder derrière moi car il ne doit pas y avoir beaucoup de monde et quand j'arrive enfin presqu'au bout de cette longue et large ligne droite, je commence à arrêter l'hémorragie. Je me cale derrière un Français. Puis au bout, on tourne sur la gauche pour quitter la grande plaine. Quelques mètres tout droit et nous tournons à droite pour entamer la première boucle de ce circuit.









On commence par la partie la plus plate. Tout d'abord le sol en un mélange de terre, de poussière et de cailloux, puis on passe juste au niveau du ravitaillement, où bien évidemment personne ne prend rien, enfin je pense, car on a du faire uniquement 400 mètres. On monte sur l'herbe puis on continue encore tout droit. Le chemin tourne légèrement sur la gauche et ensuite on tourne à angle droit sur la gauche. J'ai pris à la corde mais je me trouve dans des herbes hautes et je ne vois pas du tout l'état du sol qui se trouve en dessous. Je me décale de deux-trois mètres sur la droite pour prendre un chemin de terre, ou plutôt devrais-je dire de poussière. On se trouve maintenant sous-bois. Il y a de nombreuses racines qui sortent du parcours. On tourne un peu et après une courbe un peu plus prononcée, on franchit une petite bosse. Une fois en haut, il faut rester le plus possible à gauche car c'est une courbe et qu'il n'y a qu'en haut où il n'y a pas de dévers. Je reste donc le plus possible à la corde, puis ça descend toujours en tournant. Je vois les coureurs qui me précèdent, s'écarter sur la droite, mais moi je reste toujours sur le point de corde. Au dernier moment je comprends pourquoi ce changement de ligne. Je me fais largement caresser toute la tête avec une jolie branche de sapin. Ça remonte un peu. Virage très serré sur la gauche en contournant un arbre et ça monte encore, puis on tourne deux fois sur la droite avec un peu de descente.






Ensuite le parcours ne cesse de serpenter entre les arbres. Les relances font vraiment beaucoup de mal mais je ne veux rien lâcher. Je sais que c'est costaud devant mais je vais lutter pour faire de mon mieux. Je suis un Français et je reviens sur un Péruvien et un Sud-Africain. On continue encore de faire des changements de direction qui font autant de mal que les bosses. Puis on arrive dans la dernière ligne droite de cette première boucle qui se termine pour une nouvelle bosse. Il y a énormément de monde et je n'arrête pas d'entendre des ''Allez la France''. C'est grisant mais c'est aussi un piège car je suis en sur régime et je le sais bien. Mais je continue quand même à ce rythme.




C'est parti pour la seconde boucle. Au niveau du ravitaillement, le Français qui me devance, prend un gobelet mais moi je m'abstiens pour ce tour. J'en profite pour le passer et je continue de me rapprocher d'autres coureurs. L'avantage de partir pratiquement à la fin est qu'au pire, ça peut pas être pire, mais qu'au mieux, je peux gagner quelques places. J'essaye de prendre la foulée d'un Britannique, mais c'est difficile. Un coureur des Etats-Unis se trouve dans ma foulée mais je sais que je vais avoir du mal à le garder derrière moi. Je me retrouve dans la partie où il y a les bosses et les changements de direction qui font bien mal. J'ai quelques mètres de retard sur le Britannique et j'ai toujours l'Américain à mes basques.






J'ai un peu de mal à terminer cette seconde boucle. Je perds quelques places. Après encore quelques virages difficiles, je me retrouve dans la dernière ligne droite de cette boucle juste devant un Autrichien. C'est difficile aussi de lever les cuisses pour passer la bosse pour moi. Mais je finis par basculer sous les applaudissements fournis des spectateurs. Un peu de plat et voici le second tour qui s'achève.




Début de la troisième boucle. Ce coup-ci, j'attrape au vol un gobelet d'eau lors du ravitaillement. Je me fais rattraper par un Français. Je ne le vois pas, mais j'entends ces pas juste derrière moi et surtout j'entends pas mal de monde l'encourager par son prénom. Peut-être un régional de l'étape où plus simplement un coureur suivi par pas mal de personnes de son club. Mais ça a pour effet, que les spectateurs crient : ''Allez les Français'', et alors ça me redonne de la force pour repartir sur le même rythme qu'avant mon petit coup de pompe. Dans le virage avant la première bosse, je double un coureur Argentin. Puis je prends maintenant beaucoup mieux mon virage où se trouve la branche de sapin. Mais la relance suivante est difficile surtout juste après l'arbre car ça remonte de plus belle.





Je suis toujours devant mais on est un peu seul, car le groupe devant composé d'un coureur Mauricien, d'un Roumain et d'un Belge sont un peu loin. Je fais toujours la course devant et je n'arrête pas d'entendre le Français qui me suit se faire encourager par ses amis : ''Accroche toi''. Je me dis que s'ils lui disent de s'accrocher à moi c'est qu'il est peut-être un peu limite en ce moment. J'arrive dans la bosse finale de cette boucle et quand je la descends, nous nous sommes bien rapproché du trio qui nous devance.




Nous voici dans le dernier tour et honnêtement j'en bave. Je prends un peu d'eau au ravitaillement et je continue à me rapprocher des trois coureurs. Puis au bout, quand on tourne sur la gauche, je suis revenu au contact. Je reste calé un petit peu, puis je vois le Belge prendre la poudre d'escampette. Alors je redémarre aussi à mon tour et je mets un peu de temps pour me frayer un chemin afin de dépasser le Roumain et le Mauricien. Je finis par leur passer devant, mais ils accélèrent aussi et me collent. Cette accélération a eu pour effet que le Français qui me suivait depuis plus d'un tour, a perdu une dizaine de mètres. Mais après toutes les bosses et les nombreuses relances, les deux coureurs que j'ai doublé, font une accélération et je n'arrive pas à répondre. C'est quand même compliqué un cross ! Puis j'en termine avec ce tour.



Donc au lieu d'aller tout droit pour enchaîner avec un cinquième tour, on tourne sur la droite en direction de la ligne d'arrivée. Mais ça serait trop facile d'y aller directement, alors on tourne sur la droite une fois de plus pour faire la très longue ligne droite du départ en sens inverse. Un Britannique profite de cette ligne droite pour me passer et il tente de revenir sur le trio recomposé du Roumain, du Belge et du Mauricien. Une fois tout au bout, on tourne deux fois sur la gauche pour refaire une autre longue ligne droite qui va nous conduire jusqu'à la ligne d'arrivée. L'Allemand derrière moi accélère un peu alors j'accélère à mon tour. Je reviens bien sur le Britannique mais au moment où je veux le passer je coince un peu. Je me cale quelques secondes derrière lui avant d'en remettre une couche. Et ce coup-ci j'arrive à faire l'écart. Je reviens également rapidement sur le Belge et je donne tout ce qu'il me reste pour finir par le sauter juste sur la ligne d'arrivée. Je termine quand même bien loin. Je finis 148ème/217 en 31'57''.



J'en peux plus. Plus de 15 km/h sur ce parcours. Je crois que je ne pouvais pas faire mieux. Je suis loin, même très très loin des meilleurs, mais je suis fier d'avoir été au bout de moi pour faire le mieux possible. Je veux marcher un peu pour récupérer mais je finis par m'écrouler au sol et je piquerais bien un ptit somme au sol ! Je finis par me relever pour aller quand même boire au ravitaillement final. J'en profite également pour me prendre quelques pruneaux. Ça ne vaut pas le ravitaillement du 10 km de Torcy avec les nombreux fruits comme les melons ou les pastèques. Rien de tel pour vraiment rafraîchir tout en se redonnant des forces.




Je fais ensuite connaissance avec Laurent, qui habite en Seine-et-Marne et qui m'avait déjà repairé sur des courses franciliennes. Il a terminé la course en 32'32''. On fait connaissance également avec un coureur Péruvien et des coureurs Colombiens. C'est vraiment sympa tous ces coureurs parlant des langues différentes mais se comprenant parfaitement grâce à la course à pied.







Avant de partir du Parc Parilly où se trouve le Stade du Rhône, je regarde la cérémonie protocolaire avec quelques hymnes qui auront fait verser quelques larmes à certaines personnes. Puis nos résultats s'affichent et j'apprends que je termine 34ème de ma catégorie. Et je suis donc bien 148ème au scratch. C'est le moment pour Thibault d'aller faire sa pause repas après s'être occupé de nombreux coureurs dans le besoin et pour nous de quitter le Stade du Rhône.


C'est une excellente première expérience et ça donne vraiment envie d'aller au bout quand on porte ce maillot. Ça n'empêche que c'est tout autant une fierté de porter mon maillot de Marne-et-Gondoire Athlétisme ! On remet ça dimanche 16 août à 7 heures du matin pour le semi-marathon. Mais entre temps, je remonte plus dans le nord de la France et samedi un beau 10 km m'attend, histoire de ne pas perdre la cadence !

3 commentaires:

Anonyme a dit…

Bravo Jeff pour ton partage qui est très palpitant, on se sent dans la course et ça donne des fourmis dans les jambes. Tu as trop la classe avec le maillot France.
Bravo à toi !

Bernard DA COSTA

Unknown a dit…

Merci Jeff pour ce compte-rendu. Grace à toi, nous y sommes déjà ;-)

Anonyme a dit…

Bravo Jeff, toi qui craignais de finir dans les derniers tu fais un classement plus qu'honorable. Et puis le maillot de l'Equipe de France c'est trop la classe ! Sergeiy