20 km International Marseille-Cassis (13)

Dimanche 27 octobre 2019


1979-2019, 40 ans d'existence et 41ème édition de la fabuleuse Classique Internationale Marseille-Cassis.
2008-2019, 11 ans de participation et ma 12ème édition à cette course qui est de loin ma préférée.
C'est la seconde fois que je vais la faire en étant bien blessé, mais je suis incapable de me résoudre à en louper une. Depuis le 1er septembre, aucun entraînement. La seule fois où j'ai chaussé mes running c'était le 13 octobre lors d'un trail où il m'était impossible de repousser l'invitation de mon ami organisateur. Donc en deux mois c'est plus que léger. Je sais que je vais être dans le mal mais deux objectifs s'offrent à moi :
- le premier sera de terminer même en marchant, en rampant, en roulant en boule, ...
- le second sera de battre mon moins bon chrono qui est à des années lumières de toutes mes autres éditions à savoir 2h08'44'' (2009, avec une méga géante entorse de la cheville). Julie va faire son baptême ''Marseille-Cassis''. Bien content de partager ma course préférée avec ma chérie. Mon fils Lucas est aussi du voyage. Pas comme coureur mais en qualité de supporter. Nous allons profiter de la course pour faire un week-end de quatre jours à Marseille où nous avons réservé un appartement dans le 3ème arrondissement. Comme nous prenons le TGV pour y aller, les transports seront soit en commun soit avec nos petites pattes.


Revenons à la course où 20 000 participants s'élanceront du boulevard Michelet après avoir accédé au départ en traversant le Stade Vélodrome qui est prévu pour la première vague à 9h00. Ça va, nous passons en heure d'hiver dans la nuit de samedi à dimanche donc on aura une heure de dodo en plus. Plusieurs sas sont mis en place : -1h20, -1h30, -1h45 et ''grand public''. Les trois premiers partent à 9h00 et le dernier en vague de 3000 coureurs toutes les 4 minutes afin de fluidifier les premiers kilomètres. Mon pote Bernard sera une fois de plus au rendez-vous mais ne partira pas avec nous. En effet, nous nous sommes mis dans le sas -1h45 tandis que Bernard sera dans le ''grand public''. Trois ravitaillements seront implantés sur le parcours (sans compter celui de l'arrivée) : 5ème km au rond-point de Luminy, 10ème km au Col de la Gineste et au 15ème km au Bois Joli.


Le retrait des dossards s'effectue vendredi (10h00/20h30) et samedi (9h00/20h00) au hall 8 du parc des expositions Chanot où un village expo attend les coureurs. Sans oublier le traditionnel repas du samedi midi qu'on a instauré avec Bernard depuis qu'on court ensemble ici. Ça permet de passer un bon moment en famille et entre amis. Habituellement le restaurant choisi se trouve du côté de la place aux Huiles non loin du Vieux Port. Voilà pour la présentation de ce 41ème Marseille-Cassis !


Nous sommes donc bien arrivés jeudi en gare de Marseille Saint-Charles … à l'heure ! Eh oui tout est possible avec la SNCF, même d'arriver en avance. Après avoir pris un bon repas à la Pizzeria ''Chez Angèle'' (50 rue Caisserie, Marseille 3ème) puis être entrés en possession de notre appartement, nous avons effectué une jolie et longue marche qui nous a conduit jusqu'au Fort de Notre-Dame de la Garde sous un ciel un peu nuageux au début mais qui s'est totalement dégagé par la suite.








Vendredi nous sommes allés retirer nos dossards au Parc Chanot. On nous a attribué les numéros 2832 (Julie) et 2833 (moi). Pas de chance pour ma chérie qui aime les numéros impairs. On nous a remis de jolis tee-shirts techniques en guise de cadeau (violet pour les hommes et bleu clair pour les femmes). Nous avons ensuite flâné dans les allées du salon où équipementiers, organisateurs de courses ou encore institutions se sont installés. Une magnifique rétrospective avec les tee-shirts des différentes éditions ou encore avec l'exposition de jolies aquarelles retraçant les 40 premières éditions de Marseille-Cassis. Ensuite après avoir pris notre repas au ''Big Fernand'' (41 boulevard Michelet, Marseille 8ème), petite balade devant le Stade Vélodrome (Allleeeeeeeeeez l'OM), à la plage du Prado et au Parc Borély.






Samedi midi, après avoir traversé le Vieux Port à bord du fameux ''Ferry Boat'' (prononcez BOATTE), nous avons retrouvé nos amis Bernard et Lysbeth sur la place aux Huiles pour aller déjeuner ensemble. Ils arrivent fraîchement de Cagnes-sur-Mer, ce qui fait moins de route que nous. Il y a tellement de restaurants par ici qu'il nous est difficile de faire un choix. Nous avons fini par opter pour l'ESQUINADE (38 place Thiers, 1er arrondissement) où nous avons passé un très bon moment ensemble.



En ce dimanche, c'est jour de course. Nous quittons notre logement un peu avant 7 heures afin d'aller en métro déposer nos sacs dans une bagagerie non loin du boulevard Michelet où le départ de la course va être donné. Nous retrouvons ensuite Bernard devant les camions-vestiaires boulevard Teisseire. Coup de chance, on tombe très rapidement sur lui. Derniers préparatifs : grand sac poubelle ou pas grand sac poubelle pour se protéger de la fraîcheur en attendant le départ ? Ce sera sans finalement.



Passage ensuite par la sécurité avant de pénétrer dans le stade Vélodrome. Tout d'abord sous les travées où les futurs coureurs se sont massés pour satisfaire un dernier besoin et remplir leurs gourdes. Nous passons ensuite au pied des tribunes dans l'enceinte même du stade pour mon plus grand bonheur. Nous en profitons pour prendre quelques photos. Malgré le monde qu'il y a, je tombe sur Antoine, un copain de région parisienne qui est bien meilleur que moi et qui va bien s'éclater sur cette course.








Il est maintenant l'heure de quitter Bernard qui doit prendre le chemin du sas ''grand public'', alors que Julie et moi prenons la direction de celui des ''1h45''. Déjà beaucoup de coureurs se sont placés derrière l'immense arche de départ bleue. L'organisation est telle que l'attente est rendue très courte.





A 9 heures pile le coup de pistolet retentit. Les élites et les autres sas sauf celui ''grand public'' prennent le départ en même temps. On marche pratiquement jusqu'à l'arche. Ça y est, nous pouvons courir ! Julie passe le tapis de chronométrage légèrement avant moi. Mon 12ème Marseille-Cassis est enfin lancé ! Nous passons devant le stade Vélodrome et l'immense peloton du sas ''grand public''. La douleur revient très rapidement dans ma jambe gauche. 









Après 500 mètres de course sur le boulevard Michelet et étant juste devant ma chérie, je décide de piquer complètement sur la droite, vers la contre-allée pour faire une pause tellement j'ai mal. Mais en arrivant sur cette contre-allée, je décide de trottiner et en voyant Julie s'éloigner, je me force à tenter de faire avec la douleur présente. Je reste sur le côté pendant 200 mètres avant de revenir sur la partie principale du boulevard Michelet où je commence à grignoter mètre après mètre derrière Julie. Je finis par revenir sur elle juste avant l'Obélisque de Mazargues. En me concentrant pour essayer d'occulter la douleur, je lâche Julie en poursuivant tout droit après l'Obélisque. 


Le premier kilomètre était plat puis le suivant en montée légère. Maintenant on retrouve du plus roulant et même une légère descente avant d'arriver à une première vraie grimpette qui nous fait passer sous le pont de Valmante (km 4). Je ne sais pas si les autres en chient mais moi oui. De nombreux spectateurs se trouvant sur ce pont nous acclament.



Je suis bien content d'arriver au rond-point suivant car même si le tracé est en légère montée, c'est bien moins pentu que précédemment. J'arrive au premier ravitaillement (celui du km 5) où j'attrape au vol un gobelet de grenadine et un quartier d'orange. Victoire pour moi en effectuant un joli lancé en cloche du reste de mon orange dans la poubelle (lancé d'au moins … 1 mètre). Faut savoir se contenter de petites choses quand ça ne va pas bien (lol). Au rond-point de Luminy, nous tournons à droite. Ça monte franchement plus. Je le sens bien dans la jambe. Mais je monte assez régulièrement. De nombreuses personnes sont sur les trottoirs toujours pour nous encourager. Autant avant la course, il faisait frais, autant les rayons du soleil sont maintenant bien chauds. Cette route avec les dernières maisons de Marseille n'est pas simple à négocier car la pente n'est pas régulière. Un coup ça monte fort, puis ça redevient un peu plus roulant et ça regrimpe. Ouille ouille les guibolles ! La route tourne sur la droite et quelques dizaines de mètres plus loin je passe sous une banderole indiquant mon entrée dans le Parc National des Calanques, et surtout c'est le signe du début de la véritable ascension vers le col de la Gineste. 



Serrer les dents le plus possible pour repousser l'échéance de la marche. Pour le moment je cours (je ne sais même pas comment j'y parviens). Je m'attends à tout moment à ce que Julie revienne sur moi. Mon but est simple : arriver en haut sans marcher. Les années précédentes ça se passait relativement bien, voire très bien, mais là … c'était malheureusement prévu. Plus on monte, plus le spectacle offert par le paysage est magnifique. Au gré des virages, on voit Marseille de plus en plus petite, les quelques îles se dessiner dans la Méditerranée et surtout la roche calcaire tout autour de nous et la végétation qui se raréfie de plus en plus. Il ne faut pas oublier de remercier les spectateurs montés tôt dans la matinée pour nous encourager et qui se trouvent surtout dans les virages. Km 8 puis km 9, je cours toujours. Plus qu'un kilomètre dont 500 mètres bien pentus. A part ça, la montée de la Gineste est longue, raide mais surtout régulière. Plus que 400 mètres. Je profite, voire je jubile. Une petite victoire d'être arrivé au sommet sans marcher. Je me dis que la descente sera plus facile …




Erreur ! Mais avant de m'en rendre compte, je passe à côté de la borne matérialisant le col de la Gineste (327 mètres) puis du second ravito où je prends une petite bouteille d'eau. Je passe juste après sous la petite arche du km 10 en 59'25''. Julie passera un peu après moi (1h03'02'') puis ce sera au tour de Bernard (1h06'02''). Antoine, lui, est passé loin devant en 42'40''. Je m'engage ensuite dans la descente et très rapidement je me rends compte que la douleur est encore plus vive dans ce sens. La position du corps en descente me fait encore plus mal. Du coup, le premier kilomètre de descente s'effectue en 5'15''. Galère.



Mais la pente me permet d'allonger la foulée (ce qui me fait moins de contact au sol avec la jambe gauche sans pour cela aller vite). Je commence à croiser un coureur par-ci, un coureur par-là, allongés au sol, se faisant secourir soit par les marins-pompiers de Marseille, soit par des secouristes ou encore des coureurs. Les dégâts sur les corps commencent à apparaître en même tant que la chaleur s'accentue.





Le flot de coureurs continue de déferler vers le plateau de Carpiagne mais avant d'y arriver, il y a une petite remontée (en plein milieu de la descente) qu'il faut négocier. Pas facile pour moi mais bien content d'arriver en haut. Ensuite, place à un faux-plat descendant avec passage au km 12 puis au 13. Beaucoup de monde s'est massé sur le plateau de Carpiagne qui abrite une zone militaire. Un faux-plat montant nous amène jusqu'à l'hôtel du Bois-Joli qui est le seul bâtiment des environs. Une fois en haut, je passe sous l'arche des 15 kilomètres en 1h27'58'', loin derrière Antoine (1h01'53''). Julie se rapproche de moi (1h30'28'') tandis que Bernard perd un peu de terrain (1h36'17'').


Juste après ce passage au 15ème kilomètre, un coureur torse nu lance sa bouteille d'eau vide au sol alors que depuis le début le nombre de déchets par terre est plus que limité. Les coureurs ont parfaitement respecté les consignes en laissant leurs déchets soit dans les bennes placées après les ravitos soit au sol dans les zones dédiées. Mais là, le mec n'en a rien à faire de la nature et jette sa bouteille sur le bas-côté. Un autre coureur (bien carré), lui gueule littéralement dessus, lui intimant de remonter pour aller chercher sa bouteille, sous les applaudissements des autres concurrents. Pas fier le mec torse nu ! Tout ça pour dire qu'à par quelques exceptions, les sportifs du Marseille-Cassis ont été respectueux de l'environnement. Ça descend maintenant très fort. La plage de Cassis est visible tout en bas. Mais depuis plusieurs années elle n'est plus le lieu de l'arrivée.





Je descends assez lentement avec le quartier Bellevue juché sur la rocaille à ma gauche. Plus la pente s'accentue plus la route serpente. On a l'impression qu'on va se jeter dans la mer par moment même si elle est bien loin. Il y a de plus en plus de groupes de musiciens et la foule grossit à vue d’œil. Je sais que malgré cette insupportable douleur je vais réussir à aller au bout maintenant. Même à cloche-pied s'il le faut.


Passage au km 17 où le brouhaha est impressionnant. Vive le Tour de France. Ah non, nous sommes sur le MK6 (Marseille-Cassis). Quel pied ! Nous tournons à gauche (contrairement à avant où nous prenions légèrement sur la droite en direction de la plage) avenue Carnoux où ça descend encore mais 100 mètres plus loin, ça devient plat et lorsque la route tourne d'elle-même sur la droite en longeant le parking des Gorguettes, on reprend un peu d'altitude. Je n'ai pas marché une seule seconde depuis le départ de la course (ce qui est un exploit pour ma condition) et pile poil au km 17,5, juste à l'endroit où se trouve mon fils (que je n'avais pas vu), je craque. Je ne peux plus courir.










Je dois marcher et dès que je l'entends m'encourager, j'essaye de relancer ma course mais c'est très compliqué et trop douloureux. Alors je marche jusqu'en haut avant de reprendre la course dès qu'on tourne à droite sur le chemin du plan d'Olive qui est une petite route étroite traversant les vignes. Cette route est en mauvais état mais surtout elle n'arrête pas de monter et descendre (montées et descentes légères mais trop difficiles pour moi). J'entends Julie m'encourager. Elle est revenue à mes côtés et passe devant moi. Il ne reste qu'un kilomètre et demi de course alors je décide de serrer les dents pour emboîter sa foulée mais je ne peux pas. La jambe est en feu (un incendie permanent depuis le début à Marseille). Après une dizaine de mètres de marche, alors que Julie est une vingtaine de mètres devant moi, je reprends la course et je ne vais plus m'arrêter jusqu'à l'arrivée. Mais qu'est-ce que j'en ch** ! La route tourne à droite. Juste au panneau du km 19, un nouveau coureur est allongé au sol en train de se faire secourir. Je n'ai pas compté le nombre de personnes en détresse mais c'est impressionnant. Puis ça remonte sec sur la gauche jusqu'à la gare de Cassis. Julie fait cette montée en marchant, ce qui me permet de revenir à sa hauteur. 



Elle va maintenant rester avec moi jusqu'à la fin. La descente qui suit ne me permet pas d'aller super vite mais surtout d'avoir moins d'appui au sol. Virage à droite. Nous arrivons au début de l'avenue des Albizzi pour les 400 derniers mètres de la course. Les panneaux d'indication me permettent d'avancer (300m, 250m, 200m, 150m). L'arche d'arrivée et le tapis rouge nous tendent les bras. Je franchis la ligne d'arrivée à côté de ma chérie 7623ème/18211 en 1h57'58'' (Julie est 7630ème en 1h57'59''). Put*** c'est bon je l'ai fait !!!






Il faut que je marche pour évacuer au maximum cette douleur. Ça tombe bien car nous devons remonter (la rue est plate) toute l'avenue des Albizzi jusqu'au rond-point de la route de Marseille qui est bien longue. Au cours de cette traversée, nous récupérons notre jolie médaille souvenir du 40ème anniversaire de la course, ainsi qu'un sac contenant du ravitaillement, ou encore des bananes et des petites bouteilles d'eau. Je tombe sur David, un copain qui a battu très récemment son record sur marathon. Il a terminé aujourd'hui la course en 1h48''. Bravo à lui !







Nous suivons le cheminement qui nous conduit jusqu'aux camions-vestiaires. Plus particulièrement au numéro 6 où se trouvent nos sacs. Dès qu'on les a récupérés, on monte sur la petite allée voisine, où tous les ans on se change plus tranquillement. C'est à cet endroit que Bernard (qui connaît aussi l'endroit), nous retrouve quelques minutes plus tard.





Au niveau du classement ça donne ceci :
7623ème/18211 en 1h57'58'' Jeff BACQUET (PAAC)
7630ème/18211 en 1h57'59'' Julie FROUCHT (PAAC)
10072ème/18211 en 2h05'00'' Bernard LEFEVRE (ASPTT Nice)






Il ne nous reste plus qu'à monter à bord d'une des navettes qui va nous ramener dans la bonne humeur avenue du Prado à Marseille. Avant de reprendre le TGV Ouigo en direction de la région parisienne et de ses températures sibériennes... nous allons nous restaurer chez Big Fernand (plus que mérité) puis détente et trempette sur la plage du Prado. Rendez-vous l'année prochaine pour mon 13e MK6 !



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