Lundi 14 août 2017
Deux jours après le 10 kilomètres
d'Ercheu dans la Somme sous la pluie, je retrouve comme l'an passé
l'épreuve de la Berglauf-Cup Zürcher Oberland en Suisse, sous la
chaleur. Sous ce nom barbare est cachée une bien belle et très
difficile course : une course de montagne à étapes courtes
mais très pentues, pendant cinq jours consécutifs. L'année
dernière j'en avais bavé de la première à la dernière étape non
stop. Mais il faut croire que j'ai des envies de me faire mal car
c'est avec un grand plaisir que j'ai repris la direction du Canton de
Zurich. Je devrais avoir les honneurs de terminer premier Français
car à priori il n'y a que moi à avoir cette nationalité.
La Berglauf-Cup Zürcher Oberland va
voir ses étapes partir de Wald, Bauma, Steg, Wernetshausen et
Kempten. Tous ces villages se trouvent dans une vallée et le but
sera d'atteindre l'arrivée qui est au sommet de la montagne avec un
dénivelé moyen de 10 % avec des passages à plus de 20, voire …
30 %. De l'alpinisme quoi ! Un classement est établi à chaque
fin d'étapes, mais nous sommes classés en points et non en temps.
Je m'explique. Le premier à franchir la ligne d'arrivée marque 2000
points. Pour calculer les points des autres, il faut prendre le
prorata d'un coureur lambda par rapport au vainqueur de l'étape.
Exemple, le premier termine en une heure pile et marque donc 2000
points, un autre coureur va courir en une heure et dix minutes et
marquera 1666 points. Pour être dans le classement final de la
''Cup'', les 4 meilleurs résultats sont pris en compte, donc on peut
faire une impasse, mais moi je vais faire les cinq et advienne que
pourra !
La première étape se déroule à
Wald. Enfin le départ car l'arrivée va se faire là haut, tout là
haut, beaucoup trop haut à Farneralp avec le dernier kilomètre et
demi et son dénivelé moyen de 20 %. Quel beau programme ! Mais
tout d'abord, nous allons à côté de la gare de Wald, proche de son
charmant petit centre ville, où le secrétariat de la course est
installé. Je repère mon nom sur le listing des inscrits et je vois
que je vais porter pendant cinq jours, le dossard numéro 107.
Passage au stand du retrait des dossards, où j'essaye de me faire
comprendre. Je trouve plus facile de montrer ma licence où mon nom
apparaît. C'est le gros inconvénient de cette partie de la Suisse,
où ils ne parlent que la langue allemande. Une petite balade dans le centre de Wald, histoire de se dégourdir un peu les jambes.
Je me change ensuite, il fait encore
bien chaud même si les étapes partent toutes à 19 heures. Il reste
une demi-heure mais il fait encore 31 degrés. Une fois le dossard
fixé sur le débardeur de mon club, je pars faire mon échauffement. Je trouve un
bois avec du dénivelé à côté de la gare. Il y a beaucoup de
coureurs qui y sont également. Même pendant cet échauffement j'en
ch**. Je suis originaire de Picardie, il n'y a pas de montagnes comme
ici. Quand je vois certains coureurs galoper dans les ascensions, on
voit qu'ils sont nés en montagne ! L'objectif avoué est simple
pour moi : mettre moins de temps sur chaque étape que l'an
passé. Donc comme j'avais couru celle de Wald en 45'14'' en 2016, je
veux bien me contenter d'un 45'13''.
Nous sommes sur la Bahnhofstrasse pour
le départ. Il y a beaucoup de monde encore prêt à en découdre
sur les hauteurs suisses. Le speaker parle dans son micro mais je ne
comprends pas un mot. Quand je vois les coureurs autour de moi qui se
préparent à partir, je me dis que ça ne devrait pas tarder. Et
effectivement c'est le départ. Nous commençons sur la seule partie
plate du parcours, à savoir 150 mètres. Quel pied ! Puis quand
nous arrivons au niveau du magasin Migros, nous tournons à droite
sur la Sonneckstrasse où ça commence à monter légèrement. Mais
quand on tourne une fois de plus à droite pour prendre maintenant la
Plattenstrasse, là ce n'est plus pareil car on tape déjà dans les
gros pourcentages. Je ne suis pas parti très vite, j'essaye de ne
pas me cramer d'entrée, mais qu'est-ce que c'est déjà difficile !
Un peu plus loin, on tourne à gauche où on profite un peu d'un
passage plus aisé, mais ça remonte sec quand on prend la
Neuwiestrasse. Elle fait de grandes courbes des deux sens. Je passe
au kilomètre 1 avec 6 secondes de retard par rapport à l'an
dernier. Ça monnnnte !!! Nous sommes pratiquement en haut de la
ville de Wald. Une descente raide mais qui ne dure qu'une vingtaine
de mètres est suivie d'une remontée encore plus raide. Le passage
suivant, dans un quartier très charmant, est relativement facile
mais la route disparaît pour laisser place à un mur.
Une montée dans l'herbe qui traverse
les champs. Au début je m'accroche en regardant mes pieds car si
j'ai le malheur de regarder plus haut, je vais me démonter le moral.
Mais au bout d'un moment je suis déjà épuisé, je me mets à
marcher. Je suis loin d'être le seul. Quand c'est moins raide, je me
dis que je vais reprendre mais j'attends de retrouver le bitume de la
Sanatoriumstrasse pour me relancer. J'ai souvenir qu'un peu plus haut
j'avais du me remettre à marcher en 2016, là je me suis installé
dans un petit rythme, pas vraiment hyper efficace, mais au moins je
monte. Je passe le km 2 avec une petite seconde de retard. Je
commence à le combler ce retard du début.
Un énorme ravin se trouve sur ma
droite. Il laisse apparaître le gros dénivelé qu'on a déjà fait
depuis le départ. Cette route est interminable, mais je tiens bon.
Pourtant je vois de nombreux coureurs mettre la flèche et marcher.
Je poursuis mon petit bonhomme de chemin, puis il faut prendre un
très gros virage serré sur la gauche. Je prends le plus à droite
possible pour trouver une pente moins importante même si ça me fait
quelques mètres en plus. Deux cent mètres plus loin, je tourne sur
la droite pour prendre la Chrinnenstrasse. Un ravitaillement est
placé juste à cet endroit. Je prends au vol un gobelet, puis
quelques mètres plus loin une éponge afin de me rafraîchir un peu.
Je suis dans la partie la plus facile du parcours. Une pente moyenne
seulement de 6 % !
Ça permet quand même de prendre un
peu de vitesse même si les jambes sont hyper lourdes après ce qu'on
a déjà fait. Je me rapproche doucement de Chrinnen, qui va marquer
le début de la plus difficile partie de la course : les 20 % de
moyenne sur le dernier kilomètre et demi. Je regarde ce qui se
profile devant nous et je sais très bien qu'il va falloir grimper
tout en haut. Et encore, je ne vois même pas le sommet !
Quand j'arrive à la hauteur du parking
de Farneralp, je prends sur ma gauche et j'entame cette montée
folle ! Impossible pour moi de lever la tête. Je ne pense qu'à
une chose : regarder mes pieds. La sueur coule à flot. C'est
vraiment raide. Je finis par jeter un coup d’œil devant moi et
j'aperçois de très nombreux coureurs monter en marchant. Mais je
continue à me battre pour grimper le plus vite possible, même si
c'est étrange de parler de vitesse à ce niveau, tellement ça
n'avance pas.
Le chemin fait la largeur d'une
voiture. Juste après le virage à droite, ça monte encore plus fort
et je cale. Je me résous à faire cette partie en marchant. Je
suffoque limite ! Une centaine de mètres plus loin, j'ai
repris. Me voilà entre les vaches avec une partie légèrement moins
pentue.
Mais je n'ai pas le temps de m'en
réjouir, que les pauvres pourcentages à 15 %, redeviennent à 20 %.
Je n'en peux plus. Je me remets à marcher. J'attends d'arriver en
sous-bois où le sol est plus souple et également où le soleil tape
moins, pour recourir. Je me dis que je suis quasiment au sommet.
Quand je sors de cette partie boisée,
je lève la tête et j'aperçois les oriflammes qui symbolisent la
ligne d'arrivée. Allez, il ne me reste que 300 mètres de courses.
Mais ils ne se font pas tout seuls. La partie bitumée a laissé place
aux cailloux, ce qui rend la difficulté encore plus importante.
Encore un petit effort et ça y est, je franchis la ligne d'arrivée 171ème en 43'17''.
Finalement j'ai mis 1'57'' de moins que
l'an passé, j'en suis bien content. Mais je suis aussi bien défoncé.
Passage au ravitaillement final où je me sers plusieurs gobelets en
liquide de récupération. J'en ai bien besoin. Au classement général
provisoire, après la première étape, je suis 156ème avec 1217 points (30ème de ma catégorie H40).
Le paysage est vraiment merveilleux
quand on est tout en haut. Mon fils m'a rejoint, il a quelques
affaires de change pour moi. J'en profite pour mettre un tee-shirt
sec, car dans les hauteurs, le frais arrive rapidement.
Maintenant il est l'heure de
redescendre dans la vallée … en courant. Au moins, je vais faire
un peu de récupération jusqu'à la voiture. Mais il faut y aller
tranquillement car ça descend bien. Normal, on en a ch** en montant
tout ça ! Au revoir Wald et à demain pour l'étape de Bauma.
1 commentaire:
Merci beaucoup Jeff pour le blog. Et bonne chance pour les prochain étapes.
Michael Kaufmann, Président 5-Tage Berglauf-Cup
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