Jeudi 17 août 2017
Les journées se suivent en Suisse et
la fatigue s'accumule dans l'organisme au fil des étapes de
montagne. Aujourd'hui, c'est l'étape la plus courte mais pas la
moins éprouvante. En plus, les températures sont toujours bien
élevées. Les 35 degrés doivent rendre jaloux nombre de parisiens
qui pataugent sous la pluie et avec une température bien plus faible. Je
fais le malin, mais pour courir j'aurais préféré une chaleur
moindre. L'étape du jour va nous voir partir de Wernetshausen et
prendre la direction du sommet de la montagne à la Tour du Bachtel. Cette tour comprend une table panoramique avec les
croquis et le nom des montagnes visibles depuis le Bachtel. Par beau
temps, la vue s'étend du Bachtel au nord jusqu'à la Forêt Noire.
Le premier kilomètre et demi de course
va nous voir monter sur une pente régulière de 10%, puis les
passages à 20% viendront titiller nos mollets bien fatigués. Je
stationne ma voiture à mi-parcours, à côté du ''Bachtel-Ranch'',
qui est au pied du début de l'ascension la plus raide. Avant de me
changer, nous allons nous balader en direction du Bachtel-Kulm qui
est le restaurant d'altitude à côté de la Tour. Mais bien
évidemment, nous n'allons pas jusqu'en haut, on fait demi-tour pour
admirer le magnifique paysage qui nous est offert.
Une fois à la voiture, je me prépare.
Dossard numéro 107 fixé sur mon débardeur de l'UA Chauny, New
Balance bien lacés, c'est bon, j'entame la descente en trottinant
vers la vallée où le départ sera donné. Il n'y a que 1,8
kilomètres à faire mais même en descendant c'est difficile. Une
fois en bas, je poursuis mon échauffement en côte. L'an dernier,
c'était la seule étape sous la pluie. Cette année, ce n'est même
pas envisageable, le ciel étant bien bleu. Mon objectif de la
journée est le même que les jours précédents, à savoir réaliser
un meilleur chrono qu'en 2016. J'ai plusieurs points de passage où
je vais pourvoir comparer.
Le speaker, assis à l'arrière de son
pick up 4x4, nous invite à nous placer derrière la ligne de départ
située tout en bas de la Bachtelstrasse. En fait, nous allons
prendre uniquement cette route, du bas, au sommet. ''Fünf, vier,
drei, zwei, ein'' et le départ est donné ! Nous quittons
Wernetshausen en tournant à gauche puis en empruntant une grande
courbe sur la droite. A la sortie de cette courbe, je suis déjà
rincé. Nous sommes en plein soleil. Une longue ligne droite en
direction de quelques arbres me paraît interminable. Je regarde peu
devant moi, je préfère me consacrer à la route et à mes pieds, ça
évite d'avoir des pannes de moral car les mètres ne passent pas à
une vitesse énorme. Je finis par arriver à l'ombre, mais ça grimpe
beaucoup plus fort à cet endroit.
Puis, nous retrouvons le plein soleil
avec une nouvelle longue ligne droite toujours aussi grimpante. De
temps en temps, un chalet se trouve à côté de la Bachtelstrasse,
perdu en pleine montagne. Au moins, ils ne sont pas embêtés par les
voisins. Pas besoin de mettre une petite pancarte :''désolé,
ce soir nous faisons une petite fête''. Enfin, moi je ne suis pas à
la fête dans cette montée. J'ai quand même passé mon premier
kilomètre avec 2 secondes d'avance sur 2016. Pourtant je suis dans
le dur. Un peu plus loin, la route tourne sur la gauche. Je me
rapproche de l'endroit où je me suis stationné.
A cet endroit, il y a une légère
descente d'une centaine de mètres. Le ravitaillement y est placé.
Je prends un gobelet d'eau et une éponge que je glisse sous la
casquette pour me rafraîchir. Je laisse le parking où se trouve mon
véhicule sur ma droite et quand j'arrive à la hauteur du
''Bachtel-Ranch'', je tourne sur ma gauche. Un premier panneau
''Veranstaltung'' suivi d'un second qui fait plus peur ''20%'', sont
plantés sur le bord droit de l'étroite chaussée.
Quand il faut y
aller, faut y aller. Tête baissée, corps penché vers l'avant,
petites foulées, je grimpe en courant. De nombreux coureurs montent en
marchant. De temps en temps je lève la tête pour voir où j'en
suis. La route fait un coude sur la droite. Que c'est difficile 20%,
mais je tiens le coup. Un peu plus loin je passe mon second point de
passage avec maintenant 3 petites secondes d'avance sur l'année
dernière.
La route passe sous quelques arbres et
c'est à ce moment là que je subis une réelle défaillance. Je
n'avance plus, pourtant c'est un peu moins raide que précédemment.
Je ne me sens pas vraiment dans mon assiette et je dois me résoudre
à marcher. Au début, même la marche m'est difficile, puis j'arrive
à reprendre mon souffle et quelques mètres plus tard je cours à
nouveau, mais je n'avance pas. Ce qui me rassure, c'est que les
coureurs qui m'entourent sont plus ou moins dans le même état que
moi.
La Bachtelstrasse tourne sur la gauche.
A chaque virage c'est encore plus pentu. Une cinquantaine de mètres
de ligne droite et je retrouve une petite portion de plat. Pas
question de me lancer dans une course folle, mais au moins je
récupère un peu. Mais malheureusement, ça ne dure pas bien
longtemps car une centaine de mètres plus loin, nous prenons un
lacet sur la droite et ça remonte sec. Je fais ce que je peux et je
ne peux pas beaucoup. Une courbe à gauche et à mon troisième point
de passage, je paye cher ma défaillance. J'avais 3 secondes d'avance
et maintenant j'en suis à 44 de retard. Et je ne suis pas encore au
sommet, dont les 500 derniers mètres sont terribles. J'y suis
maintenant. Ça fait un peu comme les ''21 virages de l'Alpe d'Huez'',
sauf qu'ici il n'y a que les ''3 virages de Bachtel''. Le premier tronçon
est le plus raide (25%), puis on revient sur des pourcentages plus
humains même s'ils avoisinent les 20%. J'arrive sur la dernière
ligne droite avec la Tour de Bachtel juste devant moi. Je franchis la
ligne d'arrivée 161ème/260 en 26'34''.
J'ai fait une belle fin d'ascension car
je reprends pas mal de temps. Je ne termine qu'à 5 secondes de mon
chrono de 2016. Mais j'ai quand même échoué dans mon objectif du
jour. Je passe au ravitaillement final pour me désaltérer. La vue
sur la vallée est une fois de plus magique et ça l'est encore plus
en se disant qu'en peu de kilomètres, on est passé de tout en bas à
ici.
Au classement général de la
Berglauf-Cup Zürcher Oberland, je suis maintenant 130ème/433 avec
3957 points. Je gagne une place. Et en catégorie H40, je me retrouve
dorénavant en 26ème position. Plus qu'une seule étape et je vais
pouvoir souffler. Enfin, c'est surtout mes jambes qui en ont un grand
besoin. Vivement les sorties plates. Mais j'adore vraiment cette
course. L'année prochaine je compte bien revenir ici.
Maintenant c'est le moment de regagner
la voiture, donc j'entame la descente en direction du
''Bachtel-Ranch''. Je croise les ''marcheurs-balais'', qui me
reconnaissent et me remercient pour mon blog. C'est très gentil de
leur part. Déjà, tout à l'heure lors de mon passage sur la ligne
d'arrivée, le speaker en avait parlé (même en allemand j'avais
compris). Je poursuis la suite de la descente et je suis bien content
de me changer car je suis totalement trempé. Demain, cinquième et
dernière étape avec un départ à Kempten.
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