Vendredi 27 juin 2014
Les jambes sont un peu lourdes
aujourd'hui. Les kilomètres effectués et les difficultés surmontés
jusqu'à présent commencent vraiment à peser sur les organismes.
Plus que deux étapes et pas forcément les plus faciles. Demain ça
sera un 15 km de montagnes russes avec une succession de montées et
de descentes. Mais tout d'abord il faut penser à cette étape
d'aujourd'hui qui est très particulière car il s'agit du fameux
contre-la-montre de Chames-la-Côte. Et ce petit village Lorrain
porte bien son nom car il est juché à flanc de colline.
Je sais que les stationnements sont
assez difficiles alors je passe par une toute petite route qui va
m'amener au pied du terrain de sport là même ou le départ,
l'arrivée et le ''village'' de la course sont installés. Comme ça
je suis garé juste à côté. C'est quand même pratique de
commencer à bien connaître le secteur ! Je commence par aller
émarger la feuille de présence comme tous les jours puis je vais
regarder l'horaire de mon départ. Il est prévu à 19h46. En effet,
aujourd'hui, comme c'est un contre-la-montre individuel, nous partons
chacun notre tour dans le sens inverse du classement général toutes
les 30 secondes avec le premier départ prévu à 19h00.
Je partirai 30 secondes après
Sébastien Payet qui se trouve 12 petites secondes derrière moi au
classement général. C'est Dominique Cottrelle, avec qui j'avais
fait un bon bout de course à Bulligny sur le semi, qui partira 30
secondes derrière moi car il est classé juste devant avec quelques
secondes d'avance. Une belle bagarre se prépare avec des écarts
aussi infimes après déjà un beau paquet de kilomètres parcourus
et surtout des difficultés vraiment ardus.
Je vais repérer le début de la course
en marchant. C'est un départ de malade car on démarre en pleine
côte. Une côte avec des pourcentages vertigineux. Même en marchant
c'est difficile et ça essouffle bien. D'ailleurs en redescendant, je
manque de peu l'entorse car la cheville droite se dérobe. Petite
frayeur mais plus de peur que de mal. Je reste un peu sur la côte de départ pour encourager Eric. Je me dirige vers mon véhicule
pour préparer ma tenue de course et ensuite je pars faire un petit
échauffement, histoire de me détendre les jambes qui sont vraiment
lourdes. Je fais également quelques côtes pour faire monter le
cardio car je vais en avoir bien besoin.
Les coureurs sont progressivement
appelés dans le sas de départ dans leur ordre de passage. Je suis
donc juste derrière Séb que j'aurai (je l'espère) en ligne de
mire. Dominique se place derrière moi. Nous attendons les départs
des coureurs moins bien classés que nous, puis le moment fatidique
commence à se rapprocher rapidement. Mine de rien ça fait monter la
pression et la crainte de ce ''mur'' initial est également présent.
C'est au tour de Séb de prendre son
envol. Il essaye de partir vite dans ce mur mais c'est vrai que ça
monte raide, donc ça avance bien mais ça n'a absolument rien à
voir avec une course de plat. Il est donc parti pour les 11,1
kilomètres de ce contre-la-montre en solo. Et c'est ça aussi qui
rend difficile cette épreuve sans oublier les différentes
ascensions qui nous attendent.
Et comme prévu par l'organisation …
5, 4, 3, 2, 1, c'est parti pour moi. Je reçois des encouragements de
la personne qui donne le départ avec une gentille allusion pour mon
blog. Merci !!! (j'ai pas pu remercier pendant la course car
c'était dur). Et je suis dans cette immense difficulté. Le seul
avantage est que l'on court sur route, mais cette avantage est de
très courte durée car une centaine de mètres à peine après ce
départ, on s'engouffre dans la forêt avec un pourcentage de montée
encore plus corsé et surtout un sol extrêmement difficile avec des
ornières et des racines partout.
Après 400 mètres d'intense
difficultés et les cuisses qui chauffent déjà beaucoup, je tourne
sur ma droite pour une partie plus roulante. Le chemin est plus large
et après une dizaine de mètres je relance bien la machine.
J'aperçois au loin sous les arbres, Séb qui est parti bien plus
vite que moi. J'ai déjà plus de 50 secondes de retard sur lui.
L'avantage de partir derrière c'est que je peux effectuer des écarts
chronométrés. C'est un avantage mais ça me laisse quand même loin
de lui. J'essaye de répondre à son départ rapide en accélérant.
Je me cale à une vitesse de 15 km/h en faisant très attention aux
innombrables racines. Je me trouve sur les hauteurs entre les
villages de Charmes-la-Côte et de Domgermain. Le sentier serpente à
flanc de colline puis descend un peu pour traverser une route. Mais
on s'engouffre aussitôt dans la forêt de l'autre côté de la
route. Et aussitôt ça remonte fort avec un chemin très accidenté.
Je fais quelques lacets puis en tournant sur la droite, le chemin
redevient plus droit et je peux apercevoir Sébastien qui a doublé
un coureur vêtu de rouge.
Une fois sur les hauteurs de
Domgermain, je tourne deux fois sur ma gauche pour me retrouver sur
le plateau. Le chemin est de la taille d'une route mais est formé de
gros cailloux blancs et défoncé de partout. Je suis obligé de
slalomer de la gauche à la droite pour éviter les trop grosses
ornières. Sur ce plateau, nous ne sommes plus sous les arbres, le
paysage est plus dégagé. Je reviens un peu sur Seb mais pas très
vite. Au passage du premier ravitaillement le chemin tourne sur la
droite puis ça descend un peu pour entrer à nouveau dans la forêt.
Mais cette descente est de courte durée car ça remonte un peu
aussitôt après puis après un peu de plat, je passe au km 6 et je
peux prendre un écart chronométrique avec lui et je n'ai plus que
24 secondes de retard en sachant qu'il est parti 30 secondes avant
moi alors ça veut dire que je vais plus vite que lui de 6 secondes.
On entame aussitôt une bonne petite
côte et dans cette montée je croise des marcheurs nordiques dont
David, licencié à l'US Toul que j'ai connu sur une autre édition.
On s'échange quelques mots et quelques dizaines de mètres plus loin
je le paye cher car j'explose. La fin de cette montée me paraît
longue et je n'ose pas regarder derrière moi si Dominique se
rapproche de moi. Puis au bout on tourne sur la gauche pour entrer
sur un chemin plus étroit … qui monte avec de nombreuses racines.
Dès que ça redevient plat je me reprends et je vais à nouveau
bien, mais l'écart est bel et bien fait et je ne vois plus mon point
de mire même sur les longues lignes droites.
Un peu avant le km 10, on tourne sur la
droite pour prendre un très large chemin de terre en bonne état ce
coup-ci. Mais le problème c'est que dès que le coureur que Seb a
passé au début et dont je me trouve à une vingtaine de mètres
derrière lui, s'engage sur ce large chemin, deux véhicules
automobiles nous devancent et on doit courir dans un panache de
poussières. Bon appétit !!! Ça descend et on prend déjà pas
mal de vitesse puis tout au bout on tourne sur la gauche pour quitter
la terre et retrouver la route. Nous sommes au sommet de
Charmes-la-Côte et je lâche tout ce qu'il me reste en dévalant
cette pente très raide à 23 km/h. Je double le coureur parti une
minute avant moi.
Sébastien en termine de sa course dans le très bon chrono de 48'50''. Puis, en ce qui me concerne, une fois au cœur du village je tourne sur la
gauche où ça remonte. J'ai tellement donné en descente que me
prend une sacrée envie de vomir mais je continue et je franchis la
ligne d'arrivée 29ème/126 en 49'12''.
Je mets une minute et demi de moins que
l'an passé. Je m'écroule au sol car j'ai bien donné pendant cette
étape où il est difficile de correctement gérer son effort car on
n'a pas le point de repère des coureurs à nos côtés. C'est
Sébastien qui vient à ma rencontre en m'apportant un gobelet qui
m'est bien utile car il faisait bien soif. Je passe ensuite au
ravitaillement, puis je vais déposer mon dossard et je vais courir
un tout petit peu pour évacuer les toxines surtout avec un finish
aussi rapide dans cette descente.
Au classement général, je passe
derrière Sébastien pour 10 petites secondes mais je gagne quand
même une place car je suis dorénavant 27ème ! Puis c'est le
moment d'aller vérifier le classement de l'étape qui est affiché,
suivi du pot de l'amitié offert par la municipalité de
Charmes-la-Côte. Le repas de ce soir offert par les sponsors est
poulet-riz-chorizo, comme à Bulligny et c'était une fois de plus
très bon. Demain dernière étape du côte de Bicqueley avec presque
15 km pas encore facile mais ça sent bon la ligne d'arrivée de ces
''6 Jours du Toulois''.
4 commentaires:
Merci pour ton récit ! Je ne sais pas comment tu fais pour garder autant de lucidité pour restituer après course...
En tout cas c'est un plaisir que de me tirer la bourre avec toi! T'imagines? Une poignée de secondes nous séparent sur 5 courses! Énorme !!! On finit plaisir aujourd'hui et ensemble j'espère . :-)
Merci Seb. Oui pour moi ce soir c'est gestion de la dernière étape donc si je peux rester avec toi je le ferai mais j'irai pas à essayer de te lâcher. Et puis l'organisme esr fatigué !!!
Bravo pour ton récit, pour ta course. Et pour votre dernière bagarre de la semaine qui arrive cet après midi.
Seb N.
Merci Seb N.
Et toi félicitations pour ta seconde place au général.
La classe !!!
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