Jeudi 18 août 2016
Et de quatre ! Quatrième étape
ce jour de la Berglauf Cup Zürgler Oberland. La plus courte mais la
plus raide de toutes. Mais avant d'y aller, car son départ est prévu
comme toutes les autres étapes à 19 heures, un peu de tourisme en
matinée avec la visite du Zoo de Zurich, puis un passage devant le
siège de la FIFA. Tous les amoureux du ballon rond connaissent par
cœur ce sigle de la Fédération Internationale qui est garante des
règles et de l'organisation du football mondial. Jusque là tout
allé bien, puis … le déluge est arrivé. Je me disais que ça
n'allait pas durer car jusqu'à présent nous avons eu une excellente
météo et une chaleur très élevée. Mais malheureusement je me
trompe car le déluge s'est installé et ne veut plus se stopper. La
température baisse également un peu.
Aujourd'hui, la quatrième étape
prendra son envol à Wernetshausen et il faudra grimper tout en haut
de la montagne à Bachtel. Des pourcentages supérieurs à 12 % tout
du long avec un peu de répit pendant 200 mètres vers le km 2,5,
sans oublier les quatre derniers lacets qui mènent à la ligne
d'arrivée avec des pourcentages beaucoup plus proches des 20 %. Tout
un programme qui promet une fois de plus de faire travailler les
cuisses qui sont déjà lourdes et en feu. Ce genre de course, est
également un bon exercice pour travailler le mental car nous avons à
chaque instant une seule envie : s'arrêter tellement c'est
raide.
Nous arrivons assez tard aujourd'hui
dans le village de départ. Il est 18 heures 15. Nous nous
stationnons à la sortie de Wernetshausen. Une fois la ligne
d'arrivée franchie, je vais redescendre tout le parcours en sens
inverse en courant, histoire de faire une récupération très
active. L'avantage de conserver le même dossard durant les cinq
jours de compétition, est qu'il n'est pas nécessaire de se rendre
au village départ pour aller le récupérer. Je commence donc par me
préparer à la voiture sous la pluie diluvienne. On a l'impression
qu'il fait noir. Heureusement qu'il ne fait quand même pas froid car
je suis en débardeur.
Puis en attendant le moment du départ,
je ne cesse de trottiner pour ne pas attraper froid et m'échauffer
également. Je le fais surtout dans les faux-plats mais également
sur les 200-300 premiers mètres de la course, pour jauger de la
difficulté qui est bien réelle. Et le pire c'est que c'est donc
pratiquement non-stop ainsi jusqu'en haut. La plupart des coureurs
tentent de se protéger de la pluie en attendant qu'il soit l'heure.
Que ça mouille ! C'est maintenant l'heure de se rapprocher des
oriflammes qui matérialisent la ligne de départ.
Malgré cette pluie forte et constante,
ça n'a pas refroidi les participants car nous sommes encore assez
nombreux aujourd'hui. Aussi bien ceux qui ne font que la course du
jour, que ceux comme moi qui font les cinq courses. Et ça devient
bon car après celle-ci, il n'y aura plus que celle de demain !
Le speaker entame son compte à rebours en version Allemande. A zwei
je sais que c'est tout proche. A ein, c'est parti !!! Nous
sommes immédiatement dans l'ascension. Cent mètres après le
départ, nous quittons Wernetshausen en prenant une courbe bien
pentue sur la droite. A la sortie de cette courbe, je peux voir une
immense ligne droite toute raide, qui paraît se perdre tout au bout
dans les sous-bois. Je prends mon rythme de croisière mais je suis
un peu asphyxié. Ça me fait ça à chaque début d'étape depuis
que je suis en Suisse. Mais quelques minutes plus tard, je me régule
beaucoup mieux.
Je regarde déjà mon GPS, mais c'est
une erreur car je n'ai encore presque rien fait. Que les mètres sont
grands quand on se trouve en montagne ! Je finis par arriver
dans le sous-bois que je pensais avoir aperçu de loin. En fait ce ne
sont que quelques arbres et une fois ces arbres dépassés, une
nouvelle ligne droite identique à la première et dans le même
sens, apparaît. Je n'essaye jamais de m'accrocher aux coureurs qui
me doublent puisque c'est ce que j'avais voulu faire lors de la
première étape et je l'ai très vite regretté car ensuite je n'ai
pas cessé de marcher puisque j'étais grillé. Donc je ne pense qu'à
moi. Et je ne suis pas le seul, car j'entends à plusieurs reprises
mon téléphone sonner. Je sais qui c'est et je sais que c'est pour
m'encourager. Merci à toi … comme tous les jours.
Je me demande quand ça va devenir
moins raide car ça pique aux jambes et après une encore plus grosse
bosse, j'arrive au niveau d'un petit chalet isolé et le
ravitaillement. Malgré qu'il pleuve très fort, je prends quand même
un gobelet d'eau, puis nous prenons un virage à angle droit sur la
gauche. Je suis au pied d'un mur. Allez, on baisse la tête, on se
concentre et on ne marche pas. Il y a beaucoup de spectateurs qui ont
bravé les intempéries et qui se sont placés ici pour nous
encourager. Hop Hop Hop Hop. Je finis par arriver en haut, mais ce
n'est pas tout, car nous tournons à droite avec le même dénivelé.
A nouveau passage en sous-bois, je ne vois pas le bout du calvaire,
mais je tiens toujours bon.
Me voilà enfin à l'endroit du petit
répit d'environ 200 mètres. Le déluge ne cesse pas, mais je
profite de cet endroit pour reprendre un peu de couleurs. Au bout, se
trouve un virage à droite qui nous fait entrer en forêt. Dès la
sortie de ce virage c'est à nouveau raide. Je me dis que l'arrivée
n'est plus très loin, alors je m'accroche, puis nous faisons une
courbe sur la gauche qui nous fait déboucher sur une ligne droite
avec un beau dénivelé, mais qui me convient beaucoup mieux. Je me
sens d'ailleurs très bien à cet endroit. J'entends le speaker à
travers son micro, qui est juché tout en haut de la montagne car les
premiers sont déjà arrivés. Je poursuis toujours sur cette pente
qui me convient bien, mais nous finissons par tourner à droite.
C'est le début des quatre lacets qui vont me conduire à l'arrivée.
Malheureusement c'est l'endroit le plus raide du parcours. Et en plus
nous sommes maintenant dans les nuages. Le ciel est vraiment bas, je
ne vois même plus le sommet. Des coureurs se mettent à marcher.
D'autres qui étaient en train de me doubler, doivent revoir leur
plan et repasser derrière moi. Et moi je me bats contre moi-même
pour ne pas perdre pied et marcher. Ce qui est le plus dur, ce sont
les virages à chaque lacet. Car la pente est déjà terriblement
raide, mais dans les virages c'est encore pire. Je prends le
troisième lacet. Ça devient bon. Mais je ne vois toujours pas la
ligne d'arrivée. Quatrième virage et enfin les oriflammes font leur
apparition dans les nuages. Je double trois coureurs puis je franchis
la ligne d'arrivée 186ème/290 en 26'29''.
Épuisé, je vais boire au
ravitaillement. Je suis quand même content de moi car je n'ai pas
marché du tout. Je ne m'attarde pas au sommet car dans les nuages il
ne fait pas bien chaud et comme le déluge est toujours présent, je
préfère reprendre rapidement le chemin inverse, direction
Wernetshausen et la voiture. Ça me permet de ne pas avoir froid.
Pourtant je suis à tordre ! Au classement général de la
Berglauf Cup Zürgler Oberland, je suis dorénavant classé 39ème de
ma catégorie avec 4080 points. Je continue à progresser dans mon
classement mais je sais que je ne peux pas faire beaucoup mieux. Il
faut être né dans les montagnes et passer son temps à gambader sur
les sommets, pour gérer ce genre d'effort. Ou alors s'entraîner
spécifiquement ce qui n'était pas du tout mon cas. Je souffre, …
mais j'aime bien cette épreuve. Demain dernière étape du côté de
Kempten en espérant le retour du beau temps !
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